Trois jours successifs de raids aériens israéliens sur la Bande de Ghaza ne semblent pas inquiéter la communauté internationale. Malgré les 18 morts recensés depuis vendredi, ils n'ont pas suscité plus qu'une timide «inquiétude» presque inaudible. Pourtant 18 Palestiniens, dont un enfant de douze ans, sont tombés en martyrs depuis vendredi à Ghaza dans de nouveaux raids aériens. Ces raids, les plus violents depuis 2008 dans cette enclave, soulèvent la colère des Palestiniens. Hier matin, des avions de combat israéliens ont continué à bombarder pour le troisième jour consécutif le territoire palestinien de Ghaza, tuant un enfant de 12 ans. Ce qui porte à 18 le nombre de personnes tombées en martyrs et celui des blessées à 30, depuis vendredi, dans ces nouveaux massacres israéliens. La tension est montée d'un cran à Ghaza lorsque des avions de guerre israéliens ont bombardé une voiture civile que conduisait le secrétaire général des Comités de la résistance populaire, M. Zohir Al-Qissi, alias Abou Ibrahim, en compagnie de son adjoint, Mahmoud Ahmed Hanini. Des drones israéliens continuaient de survoler le territoire de Ghaza, ont ajouté les mêmes sources. Les dirigeants palestiniens et la communauté internationale ont vivement condamné les attaques, exprimant leur inquiétude face à une nouvelle escalade sioniste contre un peuple sans arme. Imputant à Israël la responsabilité de la détérioration de la situation dans les territoires occupés, le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé ses concitoyens «à préserver le calme pour mettre Israël devant ses responsabilités vis-à-vis des efforts internationaux visant à relancer le processus de paix», suspendu depuis fin septembre 2010 en raison de la poursuite des activités de colonisation dans les territoires occupés. Il a ajouté que «l'occupant israélien profite de ces circonstances pour fuir ses engagements vis-à-vis du processus de paix». Le président palestinien a eu un entretien téléphonique avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, au cours duquel les deux responsables ont examiné les moyens de mettre fin à l'escalade israélienne à Ghaza. Lors de cet entretien, M. Abbas a évoqué avec Al-Arabi «la possibilité de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU en cas de poursuite de cette dangereuse escalade» israélienne contre les populations de Ghaza, selon les mêmes sources. M. Abbas a eu également une conversation téléphonique avec le chef du bureau politique du mouvement Hamas, M. Khaled Mechaâl, et avec le secrétaire général du mouvement du Jihad Islamique, M. Ramdhane Chalah. En réaction aux attaques israéliennes, MM. Mechaâl et Chalah ont dit préférer «ne pas répondre à Israël par l'escalade pour ne pas donner l'occasion aux autorités d'occupation de poursuivre leurs massacres contre le peuple palestinien». De son côté, le chef du gouvernement palestinien déchu, Ismaïl Haniya, a annoncé mener «d'intenses contacts avec les différentes parties» pour arrêter les agressions israéliennes dans la bande de Ghaza. «La priorité en ce temps actuel est de mettre fin aux agressions israéliennes et de protéger le peuple palestinien ainsi que de consolider la résistance de ce dernier face aux atrocités de l'occupant israélien», a déclaré à la presse M. Haniya. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur du gouvernement déchu de Hamas a qualifié «l'escalade sioniste de crime injustifié visant à déstabiliser la situation sécuritaire à Ghaza et empêcher les efforts de réconciliation (inter-palestinienne)». A Ramallah (Cisjordanie), le porte-parole du président Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a condamné «la dernière escalade israélienne qui crée une atmosphère négative et va conduire à un nouveau cycle de violences dans la région». Samedi, l'Union européenne (UE), s'est dite «profondément préoccupée par la nouvelle flambée de violences dans la bande de Ghaza», exhortant toutes les parties à «rétablir le calme». «L'UE suit avec inquiétude la récente escalade de la violence à Ghaza», a déclaré Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne dans un communiqué. «Je déplore la perte de vies humaines. Il est essentiel d'éviter une poursuite de l'escalade et j'exhorte toutes les parties à rétablir le calme», a-t-elle précisé, mettant à pied d'égalité agresseurs et agressés. Pour sa part, le secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanogolu, a fermement condamné l'agression des forces d'occupations israéliennes contre les Palestiniens de Ghaza. M. Ihsanogolu a dénoncé «un crime abject et une violation flagrante du droit international susceptible de menacer la sécurité et la stabilité dans l'ensemble de la région». Les nouvelles frappes aériennes israéliennes contre Ghaza surviennent, par ailleurs, à la veille d'une nouvelle réunion du Quartette international pour le Proche- Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU), prévue aujourd'hui à New York, ont annoncé les Nations unies vendredi. Destinée à un nouvel examen des possibilités de relancer le processus de paix israélo-palestinien, la rencontre, prévue au siège des Nations unies, réunira les chefs de la diplomatie américaine et russe, Hillary Clinton et Sergueï Lavrov, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, interviendra par vidéoconférence, selon des diplomates. La réunion de lundi aura lieu en marge d'un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur le Printemps arabe. Le processus de paix israélo-palestinien est confronté depuis fin septembre 2010 à une impasse à cause de l'entêtement d'Israël à poursuivre sa politique de colonisation. R. I.