Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Les actes d'immolation commis par plusieurs vendeurs informels qui étaient à l'origine des révolutions arabes ont été au centre de l'analyse élaborée par M. Hernando De Soto, spécialiste des économies souterraines. Intervenant, hier, à l'ouverture du Colloque international sur l'économie informelle, organisé par le ministère du Commerce, De Soto a estimé que ces actes «étaient d'abord économiques plutôt que politiques». Aux yeux de ce spécialiste, «le point commun entre les rebelles d'Egypte, les clans armés de Libye, les casbahs de Tunisie et les sectes de Syrie est l'émergence d'une classe sociale d'entrepreneurs consciente d'être réprimée et qui s'insurge contre la privation de ses droits de propriété et commerciaux». De Soto qui a pris comme exemple trois pays touchés par le Printemps arabe, a jugé que les extralégaux n'utilisent pas le système légal en raison des «procédures et du coût du système fiscal». Des exemples : pour créer une petite entreprise en Egypte, il faut suivre 13 étapes durant 549 jours, 5 étapes et 194 jours en Libye et 6 étapes et 142 jours en Tunisie. De même, pour faire des affaires en Egypte, le spécialiste estime que «les pauvres doivent passer par 73 agences gouvernementales et se soumettre à 347 lois différentes». L'intervenant, qui a mis l'accent sur l'urgence d'inclure ces forces économiques dans la formalité, a assuré que c'est une question «indispensable» et en étroite relation avec la croissance économique du pays. Par ailleurs, ce spécialiste des marchés «extralégaux» a proposé un train de mesures capable de maîtriser le phénomène. Il cite, particulièrement, la création de mécanismes de «feedback» pour que les extralégaux puissent informer les autorités des problèmes qu'ils rencontrent, travailler avec des équipes locales afin d'identifier les différents types de discrimination, fonder les réformes (qui seront menées par des leaders politiques) sur le consensus des pratiques et documents extralégaux afin qu'ils soient plus facilement acceptés, rendre le droit de propriété et commercial accessibles à tous.