La soirée spéciale de lundi dernier sur France 2, consacrée au 50e anniversaire des Accords d'Evian, s'apparente à un hors-d'œuvre du programme que les médias audiovisuels publics français ont décidé d'accorder à l'événement historique. Souvent occultés, parfois évoqués marginalement, dans le passé, la signature des accords du 18 Mars 1962 entre le Gpra et la France et le cessez-le-feu intervenu le 19 mars, bénéficient d'une programmation spéciale mûrement réfléchie et préparée de longue date avec les moyens qu'exigent les médias lourds, télévision et radio, pour assumer une telle mission.Après le documentaire Guerre d'Algérie, la déchirure et le débat qui s'en est suivi, les deux largement abordés dans les colonnes de La Tribune, il fallait, lundi soir, aller sur Arte pour voir ou revoir La Bataille d'Alger, l'excellent et immortel film réalisé par l'Italien Gillo Pontecorvo. Hier soir, la même chaîne a diffusé un documentaire de 90mn signé par Jean-Michel Meurice avec Benjamin Stora. Jeune officier à l'état-major français à Alger en 1961, Meurice évoque dans ce film ses souvenirs de guerre. En présentation de son travail télévisuel, il dit notamment : «On nous disait bien comment tuer, où, quoi, par où, mais jamais pourquoi. Ni qui étaient ces fellagas qu'il fallait tuer.» Toujours sur Arte, on pourra voir le mardi 20 mars à 22h30 un autre documentaire (85mn), Palestro, Algérie : histoire d'une embuscade de Rémi Lainé. Il est présenté comme un film documentaire où «à partir de l'épisode sanglant dont ont été victimes vingt et un rappelés français en mai 1956, les auteurs ont remonté le temps en ce lieu pour chercher à identifier, dans la mise en place du système colonial, les sources de la violence qui s'y est ensuite exprimée». Avant, France 5 programme de diffuser le dimanche 18 mars à 22h, Une histoire algérienne, un documentaire du Franco-Algérien Ben Salama, 60 ans, construit à partir de témoignages inédits de personnalités algériennes et françaises.Le mardi soir du 20 mars aussi, France 3 proposera à partir de 20h35, comme France 2 lundi dernier, une soirée spéciale avec un documentaire de Caroline Huppert, Pour Djamila, d'après le livre Djamila Boupacha publié en 1962 par Simone de Beauvoir (écrivaine solidaire, avec son mari Jean-Paul Sartre, de la lutte du peuple algérien), et Gisèle Halimi, avocate qui a défendu la militante algérienne. Cette fiction de 103 mn, qui pourrait être l'événement de toute cette programmation, évoque, à travers l'histoire de Djamila Boupacha, la bataille qui fut menée par des intellectuels, des militants anticolonialistes et une frange de la presse française contre la pratique de la torture en Algérie. La radio publique française n'est pas en reste. Depuis le début de la semaine, la généraliste France-Inter et surtout la spécialisée France-Info consacrent des plages spéciales Algérie avec des envoyés spéciaux à Alger. Mais la palme revient certainement à France Culture qui, en plus d'émissions quotidiennes depuis lundi, diffusera vendredi prochain 6h, samedi 9h, soit 27h, une «Antenne spéciale en continu» à partir d'Alger. Installée à l'hôtel El Djazaïr avec une équipe de journalistes et d'animateurs, France Culture indique qu'elle souhaite à l'occasion du 50e anniversaire des Accords d'Evian «faire entendre l'histoire et la réalité de l'Algérie, les enjeux d'hier, d'aujourd'hui et de demain». «Toutes les émissions de France Culture se consacrent, entre Alger et Paris, à l'exploration de cinq décennies d'allers-retours entre la France et l'Algérie», indique la station radiophonique qui entend «donner la parole aux intellectuels, politiques, artistes, écrivains, et au peuple algérien». Pour ces 27h, France Culture changera d'identité sonore avec un habillage spécifique à partir d'une création originale.