Le vaccin antigrippal est disponible dans les pharmacies. Des jeunes, des moins jeunes, des personnes du troisième âge et des malades chroniques se pressent devant les officines et les polycliniques pour avoir leur dose. A Alger, ces dernières sont pratiquement prises d'assaut par des citoyens qui ne parlent que des risques d'épidémie. La grippe fait peur «C'est tout le monde qui est malade… C'est une grippe très méchante», entend-on souvent dire par les demandeurs de ce vaccin, majoritairement des personnes âgées. Les mêmes propos sont tenus par des patients rencontrés dans des cabinets de médecins privés (pneumologues, allergologues). Certaines personnes y arrivent dans un état de faiblesse totale : fièvre, difficulté de respirer et à se tenir debout… et grandes crises de larmes. Les personnes asthmatiques et celles qui sont allergiques en subissent les conséquences plus que d'autres. Il n'y a qu'à faire un tour dans les services des urgences médicales, en ces jours de début de saison automnale, pour constater l'ampleur du problème. Les citoyens se négligent, devrions-nous souligner. Manque de temps, manque d'argent, répugnance pour les médicaments… autant d'arguments qui montrent le peu d'intérêt qu'accordent les Algériens à leur santé. Et pourtant ! «Dès que les premiers symptômes apparaissent, il faut aller voir un médecin», ne cessent de rappeler les praticiens de la santé. Ces derniers affirment avoir affaire souvent à des patients qui ne s'inquiètent que pour leur état de santé immédiat : «Ils prennent leurs médicaments le temps de reprendre leurs forces et les jettent par la suite. Rares sont ceux qui reviennent pour des contrôles et dès, qu'il y a une petite grippe, nous voilà submergés par des cas d'urgence.» Les praticiens de la santé rappellent que le virus de la grippe est très contagieux. Il suffit qu'une seule personne l'attrape pour contaminer tout un groupe, avec ce que cela induit comme absentéisme au travail, à l'école, etc. Le virus de la grippe fait peur d'autant plus qu'il change d'une année à une autre. Ne vaudrait-il pas donc mieux prévenir que guérir ? Le vaccin en est le meilleur moyen.
Accès au vaccin Le vaccin antigrippal est donc disponible dans les pharmacies, avec un léger retard par rapport à la date annoncée initialement par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à savoir le samedi 18 octobre dernier. Les pharmaciens, qui s'excusent de ce retard auquel ils se sont habitués et devenu une chose courante dans le quotidien des Algériens, l'expliquent par un problème de livraison : «Le problème n'est pas à notre niveau. Nous avons fait notre commande à temps mais les fournisseurs ont tardé à nous la livrer.» Le vaccin arrive à temps et en quantités suffisantes : 1 200 000 doses au niveau national, selon les chiffres du ministère de la Santé. Et comparativement aux années précédentes, les prix pour cette année sont relativement inférieurs : 447,20 DA la dose. Cette réduction du prix est devenue possible grâce au conditionnement de quelque 300 000 doses par l'Institut Pasteur d'Algérie, dans le cadre d'un partenariat conclu avec le laboratoire Sanofi Pasteur. Notons, toutefois, que ce vaccin n'est gratuit que pour les malades chroniques et les personnes âgées de 65 ans et plus et qui sont affiliés aux caisses d'assurances sociales (CNAS et CASNOS). Les non-assurés sociaux ne peuvent se le procurer sans le payer même lorsqu'il s'agit de personnes âgées de 65 ans et plus. Même chose pour les assurés sociaux qui ne souffrent pas de maladies chroniques. «C'est considéré comme un produit de luxe», commente un pharmacien de la Place du 1er Mai. Aussi, apprend-on, ces derniers (les non-assurés sociaux et les assurés sociaux qui ne souffrent pas de maladies chroniques) peuvent se procurer le vaccin – en le payant bien sûr - sans passer par le médecin. «Nous leur demandons juste s'ils ne sont pas allergiques aux œufs», explique le pharmacien. Pour les autres, «il faut être muni d'une ordonnance médicale et aussi du carnet du tiers-payant». Une obligation qui handicape un peu les intéressés. «Il y a toujours du monde à la polyclinique», commente une malade asthmatique. La non-affiliation aux assurances sociales pose problème pour de nombreuses autres personnes qui sont sujettes à la grippe. «L'affiliation aux assurances sociales est une obligation», insiste une pharmacienne de la commune de Belouizdad, une façon de démentir les rumeurs faisant état de la gratuité de ce vaccin pour toutes les personnes âgées de 65 ans et plus. Ce qui amène à nous interroger, encore une fois, sur le devenir des promesses faites par les pouvoirs publics concernant la prise en charge des démunis non-assurés sociaux. Ces derniers devaient bénéficier de «cartes de démunis» leur permettant l'accès gratuit aux médicaments. Une des mesures prévues dans le cadre de la réforme hospitalière, à côté de la contractualisation des hôpitaux… et autres dispositions. Ni contractualisation ni cartes de démunis depuis la mise en œuvre de cette réforme ! Les deux projets butent sur des contraintes que les pouvoirs publics évoquent à demi-mot sans oser y faire face correctement. K. M. 100 cas de grippe pour 100 000 habitants du 1er janvier au 29 février 2008 Trois nouvelles souches particulièrement virulentes de la grippe sont présentes cette année, prévient l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime que cette maladie hautement contagieuse est responsable de 500 000 décès par an dans le monde. En Algérie, le bilan de la saison grippale de l'année en cous indique que l'activité grippale intense a eu lieu entre le 1er janvier et le 29 février, avec une incidence de 1 000 cas de grippe pour 100 000 habitants. K. M.