Si tout le monde se faisait vacciner contre le virus de la grippe, le secteur de la santé réaliserait une économie substantielle. Est-il possible de passer l'hiver sans souffrir de la grippe ? Selon des spécialistes, personne ne peut garantir à quiconque qu'il pourrait à coup sûr passer la saison froide sans grippe même avec une alimentation appropriée. Le vaccin reste, selon eux, le meilleur moyen, voir le seul, de s'en prémunir avec efficacité. Des campagnes de vaccination ont été lancées dans de nombreux pays. En France, elle a débuté le 11 décembre dernier. Entre 2 et 7 millions de personnes contractent chaque hiver le virus de la grippe dans ce pays, entraînant 1 500 à 2 000 décès. La campagne de vaccination bat également son plein aux Etats-Unis où la grippe est à l'origine chaque année de quelque 100 000 hospitalisations et plus de 40 000 décès. En Algérie, bien que le vaccin soit disponible dans toutes les pharmacies du pays, les candidats ne se bousculent pas aux portes des officines, selon des sources hospitalières. Un vaccin de référence, contrôlé par l'Institut Pasteur d'Algérie, a été importé au début de l'automne en partenariat avec le groupe Sanofi Aventis. Selon les spécialistes, il est encore temps de se faire vacciner contre la grippe. Le Dr Fawzi Derrar, de l'institut Pasteur précise que “l'injection d'une dose de vaccin antigrippal est bénéfique parce qu'elle est une réponse immunitaire qui permet à l'organisme de développer des anti-corps”. Il ajoute : “Quelle que soit la période, le vaccin est la meilleure protection”. “Il est toujours temps de se faire vacciner”, souligne-t-il. Chaque année, quelque 600 millions de personnes sont infectées par le virus de la grippe dans le monde. Les complications liées à cette pathologie engendrent entre 250 000 et 500 000 décès par an. Des études médicales récentes ont révélé que la plupart des décès et des hospitalisations dûs à la grippe saisonnière concernent des personnes âgées et des enfants de moins de 2 ans. Selon ces études, les antiviraux ne peuvent en aucun cas se substituer au vaccin. La grippe peut notamment entraîner des complications graves chez les personnes âgées et les sujets de tout âge rendus vulnérables par des maladies chroniques (cardiaques, pulmonaires, cancer…). Une vaccination annuelle est par conséquent nécessaire pour protéger cette population à risque et prévenir la maladie. Le Dr Kouider El Ouahed du CHU Mustapha-Pacha d'Alger affirme de son côté que “la vaccination antigrippale réduit les risques de mortalité de 70 à 80% chez les personnes âgées. C'est la meilleure protection notamment pour les personnes devant se rendre à La Mecque où le risque de comp”, affirme-t-il. “La grippe représente aussi un poids économique considérable en termes de coûts d'hospitalisation et de perte de productivité. Elle est en effet associée à des journées d'arrêt de travail ou de scolarisation et diverses autres dépenses de santé. Le Pr Salim Nafti, spécialiste des maladies respiratoires au CHU Mustapha-Pacha, estime “qu'il faut généraliser (le vaccin antigrippal) à l'ensemble de la population, pour parer à toute éventualité d'épidémie”. M. Nafti, qui s'exprimait en marge d'un forum consacré aux vaccins et à la vaccination fin novembre à Alger, a cité en exemple la ville américaine du Dakota qui a procédé à la vaccination de toute sa population contre la grippe. “Cette initiative a permis à la ville d'économiser cinq milliards de dollars”, a-t-il dit. “Il faut penser à une action ponctuelle sur une population ciblée”, a-t-il précisé, en rappelant que les 400 000 doses importées de vaccins antigrippaux sont insuffisantes, au vu de l'importance de la population. “Nous avons besoin entre 2 à 3 millions de doses annuellement”, a-t-il estimé. Le vaccin antigrippal, actuellement disponible en Algérie, est remboursé pour les sujets à risques, les enfants et les personnes âgées (plus de 65 ans). Rafik B.