Entretien réalisé par Smaïl Boughazi LA TRIBUNE : La wilaya de Bordj Bou Arréridj est connue pour son activité industrielle, notamment celle qui a trait à l'industrie électronique. Quel constat pouvez-vous faire, à ce propos ? Kadid Abderrahmane : La wilaya de Bordj Bou Arréridj a réussi à s'imposer comme un pôle industriel dynamique dû à sa position géographique stratégique. Elle est considérée comme la porte de l'est du pays, en plus de sa vocation agropastorale. Les Hauts Plateaux (Sétif et Bordj) étaient le grenier à blé depuis l'époque romaine jusqu'à l'ère coloniale. Après l'indépendance,notamment les dernières années, la wilaya a acquis une vocation industrielle mais pas seulement l'industrie électronique, on y trouve aussi l'agroalimentaire et les matériaux de construction. Ce pôle se développera davantage après l'achèvement de l'autoroute Est-Ouest, qui traverse la wilaya sur une distance de 90 km et dont une partie sera achevée au mois de juin prochain et une autre à la fin de 2008. Il y a aussi la voie ferrée El Khemis-El Bordj, dont l'étude est lancée. Il s'agit d'une double voie électrifiée. Donc, tout cela confortera la vocation industrielle de la wilaya et générera des postes d'emploi. Il y aura une production et une création de richesses. On parle de la saturation de la zone industrielle actuelle. Y aura-t-il de nouvelles zones d'activité ou des actions pouvant abriter d'autres investissements ? Actuellement, il y a 289 unités industrielles répertoriées à travers la wilaya. Ce sont des unités productrices. Ce ne sont pas des unités artisanales ou de petites ou moyennes entreprises. Ce sont des unités industrielles qui activent dans les secteurs agroalimentaire, des matériaux de construction et de l'électronique. La wilaya a aussi recensé quelque 4 500 PME. Donc, la seule zone industrielle est actuellement saturée. Elle est l'une des meilleures et des plus dynamiques zones industrielles en Algérie. Il y a aussi 10 zones d'activité à travers la wilaya. Face à la forte demande en foncier industriel, la wilaya a la chance de disposer d'un portefeuille en foncier destiné à l'investissement, et prêt à recevoir des investissements dans l'immédiat. 700 ha sont disponibles, à cet effet, nonobstant les potentialités mobilisables. Donc, devant cette forte demande, il a été préconisé la récupération de terrains attribués pour les réaffecter à d'autres investissements ainsi que la réhabilitation de la zone actuelle et des zones d'activité opérationnelles. En plus de la redynamisation des zones d'activité d'El Achir et de Medjana, qui constituent la première couronne de développement de la wilaya, il y a celles de Sidi M'barek et d'El Annasser, des villes limitrophes à quelques minutes du chef-lieu. Il faut dire aussi que la ville de BBA est saturée en matière d'habitat et d'unités industrielles. Figure, également, la création de la nouvelle zone industrielle Mechta Fatima de 400 ha, à 5 minutes du chef-lieu de la wilaya. Les travaux de viabilisation, à la faveur du programme du président de la République, destiné au développement des Hauts Plateaux et le désengorgement du centre du pays sont sur le point d'être lancés. Nous avons la chance d'avoir une zone industrielle de 400 ha extensible à 700 ha, à 5 minutes de la ville, à 40 minutes de l'aéroport de Sétif et à 2 heures du port de Béjaïa. Tout cela contribuera à attirer des investissements. Nous sommes optimistes quant à la demande même des investisseurs étrangers. Dans ce sillage, pouvez-vous nous faire un état des lieux de l'investissement ? Pour les investissements privés, d'une manière générale, depuis 1999,986 dossiers ont été examinés par le CALPI, 397 ont recueilli un avis favorable. Plus de 100 nouvelles demandes sont en instance d'examen et il y a des demandes qui ne cessent d'affluer. On peut également dire que les demandes potentielles émanent d'investisseurs de la wilaya et en dehors de cette dernière. Donc, je lance un appel à investir dans la wilaya et je tiens à préciser que le prix du m2 dans la nouvelle zone industrielle est de 1 000 DA et c'est un prix attractif. Le développement local passe inéluctablement par la stabilité de la population. Quelles sont les actions entreprises dans ce cadre et quels sont les grands projets structurants qui concernent la wilaya ? Vous l'avez bien dit, puisque l'un des objectifs fondamentaux de toute politique est la fixation des populations rurales, leur stabilité et même leur retour vers leurs lieux d'origine. Elle vise aussi à la création d'un équilibre entre les communes de la wilaya. Avant les années 2 000, il y avait un déséquilibre au profit du chef-lieu de la wilaya et dans les communes limitrophes. Pour le moment, les efforts ont été principalement orientés vers le désenclavement et la modernisation du réseau routier, l'alimentation en eau potable et le raccordement des populations en gaz naturel qui commence à s'étendre. Ce raccordement a atteint un taux de couverture au niveau de la wilaya de 60 %. Les infrastructures de base, au-delà du fait qu'elles servent les populations, sont une rampe de lancement de l'investissement. Cela englobe le gaz, l'eau, le téléphone, l'amélioration du cadre de vie des citoyens, l'amélioration urbaine et, enfin, l'investissement privé pour la création d'emplois au profit des chômeurs. Les infrastructures sportives, culturelles et de loisirs constituent un axe prioritaire de la politique du président de la République. Mentionnons aussi l'assainissement, les structures socioéducatives, l'université, les logements ruraux, les logements sociaux participatifs. Quant aux projets structurants, je citerai à titre illustratif et non exhaustif, l'autoroute Est-Ouest qui fait partie des nombreux projets du siècle. Il y a aussi une nouvelle ligne de chemin de fer, c'est une jonction entre El Bordj et Msila. Son lancement est imminent. Il y a des considérations techniques concernant la sécurité des tunnels. Dans ce sillage, mentionnons le dédoublement de la ligne de chemin de fer El Khmis-El Bordj, et l'étude d'extension de la station de traitement d'Aïn Zada qui alimente la wilaya et qui desservira la zone industrielle. Il y a un projet d'une importance régionale : un hôpital orthopédique d'une capacité de 12 lits. Ce sont quelques projets phares et j'ai seulement cité les plus importants. Toujours au sujet du développement local, peut-on avoir un aperçu des perspectives de la wilaya ? C'est une question pertinente. A l'instar de tout le pays, la wilaya a un carnet de bord, un programme qui s'étale à court et à moyen terme. Il s'agit de mettre les conditions à même d'assurer un équilibre entre la zone montagneuse et les Hautes Plaines. Ce déséquilibre, certes, commence à s'estomper. L'équilibre recherché s'intégrera dans le cadre des actions visant une répartition plus rationnelle et équilibrée des richesses. La démarche retenue est d'accorder un intérêt particulier aux villes proches. Il y a aussi un programme très ambitieux et réalisable. C'est la création d'une nouvelle ville entre la nouvelle zone industrielle et la localité d'El Ach. Nous avons lancé l'étude et prévu les travaux de viabilisation. Cette ville servira de zone tampon pour désengorger le chef-lieu de la wilaya. Attirer les investissements étrangers est un sujet d'une actualité brûlante. Avez-vous un plan d'action ou des mesures allant dans ce sens ? Effectivement, attirer les investissements étrangers est une priorité et une perspective du gouvernement. La wilaya de Bordj est en train de sensibiliser et de lancer des appels pour attirer les investisseurs algériens mais aussi étrangers. Il y a déjà des étrangers qui ont investi et commencé à produire, et ceux qui ont déjà fait les premiers contacts pour investir dans la future zone industrielle. Les chambres de commerce des wilayas doivent communiquer et nouer entre elles des contacts avec de potentiels investisseurs.