«Les pays qui souffrent du manque d'eau doivent mobiliser au maximum les ressources hydriques conventionnelles et non conventionnelles (eau ménagère, industrielle et dessalée, etc.) tout en accordant une importance à l'eau virtuelle (quantité d'eau nécessaire à la fabrication d'un produit quelconque qu'il soit alimentaire ou industriel)».C'est ce qu'a tenu à souligner, vendredi dernier à Meknès, Brahim Mouhouche, professeur en irrigation et de mise en valeur des terres, lors d'une conférence sur «l'eau et l'agriculture en Algérie», donnée dans le cadre de la journée «Gestion rationnelle de l'eau» organisée au 7e Salon international de l'agriculture au Maroc (Siam, 25-29 avril). Prenant en exemple le cas de l'Algérie qui se débat, a-t-il dit, dans des problèmes «très importants» liés au manque d'eau en général et dans l'agriculture en particulier, Mouhouche a estimé que le pays est confronté à plusieurs défis à cause de la faiblesse pluviométrique. Selon lui, la surface agricole utile est, actuellement, de l'ordre de 8,5 millions d'hectares, alors que la surface cultivable est de 43 millions d'hectares, à cause du manque d'eau. Les surfaces irriguées, a-t-il ajouté, sont faibles et ne représentent que 11% de la surface agricole totale, soit 900 hectares, alors que l'on peut irriguer jusqu'à deux millions d'hectares. Il a, par ailleurs, relevé la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies qui, a-t-il dit, ne tombent qu'en hiver alors que les besoins les plus importants sont en été et que la pluviométrie varie d'environ 15 millimètres, à Adrar, à 1 600 millimètres en altitude à l'extrême nord-est de l'Algérie. Il a, à cette occasion, estimé que la moyenne pluviométrique de l'Algérie n'est que de 89 millimètres, soit 17 milliards de m3 d'eau renouvelable par an, soit 500 m3 par personne et par an. Evoquant la demande climatique, il a indiqué que celle-ci est très élevée, et de ce fait l'efficience de l'utilisation de l'eau peut, selon lui, aller de 2 000 kilos d'eau à 5 000 kilos par kilogramme de blé. «En raison de ces problèmes liés au manque d'eau, l'Algérie a fait recours aux importations massives de produits alimentaires stratégiques tels que les céréales, les légumes secs, les produits laitiers et les matières grasses», a-t-il conclu avant de souligner : «Heureusement que ces produits sont importateurs d'eau virtuelle.» L'exposé du professeur algérien, auquel ont assisté des spécialistes et des experts en ressources hydriques, a été suivi d'un débat animé sur les problèmes du manque d'eau particulièrement dans l'agriculture. M. Mouhouche est professeur à l'Ecole nationale supérieure agronomique d'Alger (Ensa) et membre de la Fondation Filaha-Innove, organisatrice de la présence algérienne au 7e Siam. Organisé sous le thème «Recherche et innovation», le Siam a ouvert ses portes mercredi dernier, avec la participation de 37 pays dont l'Algérie. La délégation algérienne est composée de représentants du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, de la Chambre nationale de l'agriculture, de la Fondation Filaha- Innove et de professionnels des filières dattes, oléicole, avicole et machinisme agricole.