«Celui qui garde les outils de la fraude a forcément l'intention de frauder». Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, est presque convaincu que les élections du 10 mai ne seront pas totalement honnêtes. Mais il compte sur la «maturité» des partis politiques et «la vigilance» de la population pour contrecarrer toute tentative de fraude.Le chef du parti du Changement, qui a animé hier matin une conférence de presse à Alger, est longuement revenu sur la campagne électorale et son déroulement. Il a dit observer que «l'argent sale est partout». A la question de savoir comment choisir entre ceux qui utilisent l'argent sale et les autres, l'ancien ministre de l'Industrie a estimé qu'il «ne suffit pas de faire des enquêtes. Puisque l'usage de l'argent est public. Il suffit juste de regarder pour tout comprendre». Pis, il accuse certains ministres candidats, sans les nommer, d'utiliser les deniers publics pour leur campagne. «Il se trouve qu'il y a même des émissions de télévision qui font la promotion de certains ministres», a-t-il insisté. Et de poursuivre : «Malheureusement, nous n'avons vu ni la Commission de surveillance des élections ni la justice. On fait comme s'il n'y avait rien.» Abdelmadjid Menasra s'est attaqué aux «partis du pouvoir» qui, selon lui, «ne veulent pas de changement». Pis, il les accuse de vouloir «saborder une majorité islamiste» lors des prochaines élections. Selon lui, le pouvoir «n'incite pas les Algériens à aller voter» pour les mêmes objectifs. Cela s'explique, à ses yeux, par «la banalisation de l'acte de voter et les augmentations inexpliquées des prix des produits de large consommation». Il considère que «les partis qui appellent au boycott font le jeu du système».Le président du Front du changement accuse l'Administration de vouloir frauder. «Les ingrédients de la fraude sont là», a-t-il indiqué avant d'énumérer, entre autres indices, le relèvement du nombre d'électeurs puisque, dit-il, «on ne connaît toujours pas l'origine de 3 millions de voix». Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Sauf que, précise Menasra, «la fraude sera difficile à appliquer cette fois-ci». Pourquoi ? Le dirigeant islamiste a indiqué que les jeux du pouvoir peuvent être faussés parce que «les partis sont plus mûrs et le peuple est plus vigilant, en plus des difficultés liées à la conjoncture». L'ancien vice-président du MSP, qui s'est insurgé contre les adversaires du courant islamiste, refuse de faire des pronostics. Par contre, il estime que «si nous n'acceptons pas le changement pacifique, il nous sera imposé par la force. L'exemple d'octobre 88 est édifiant». A. B.