Jamais campagne électorale n'a été aussi morose, aussi insipide et aussi plate que celle de ces législatives qui, il faut le dire, n'a pas drainé les foules malgré la mobilisation des partis et des indépendants. La ferveur, la passion, le débat contradictoire, l'affrontement sur le plan des idées ou ces grands meetings qui rassemblent des milliers de citoyens n'ont pas été au rendez-vous et l'on se contente, faute de capacités à mobiliser, de «campagne dite de proximité». Un échec inavoué des candidats à la députation qui n'intéressent presque plus personne, à part ceux qui ont quelque chose à glaner derrière leur engagement pour telle liste ou tel parti. En effet, la qualité de ces candidats, leur parcours politique et leur niveau d'instruction ne sont pas pour enthousiasmer l'électeur, déjà échaudé par les précédentes consultations. A croire que c'est fait à dessein puisque parmi ces candidats, pour ne pas dire la plupart d'entre eux, on lit sur les affiches «Cadre», «Homme d'affaires» ou encore «Retraité», des termes passe-partout qui ne trompent plus personne puisque les mauvaises langues ont très vite trouvé la parade en qualifiant certains «d'hommes des affaires» pour avoir trempé dans des affaires louches et des trafics en tous genres. Le mot «itar» (Cadre) désigne généralement un petit employé de bureau bombardé responsable pour faire accroire que le candidat est bardé de diplômes alors que la réalité est tout autre. «Déjà au départ, ils mentent même sur les professions et sur le niveau d'instruction, comment voulez vous qu'on croit ce qu'ils racontent. Qu'ils aillent vendre leur littérature ailleurs, on les connaît tous, ils veulent se recycler et se refaire une virginité en profitant de l'immunité de parlementaire, “fakou” personne ne votera pour eux», commente un citoyen rencontré devant un site d'affichage du centre-ville.Cependant, sans se soucier le moins du monde de ce qui se dit sur elle, la faune politique locale continue ses assauts à la conquête de l'électorat occupé qu'il est à batailler contre la vie chère, qui a vu ces derniers temps flamber les prix des fruits et légumes. A un jour de la fin de cette campagne électorale, on a voulu mettre les bouchées doubles et tirer une dernière salve, une sorte de baroud d'honneur en organisant pas moins de 5 meetings à Annaba. Il s'agit entre autres du FND, du Mouvement El Infitah et celui de l'Organisation nationale des enfants de moudjahidine, qui tentent malgré tout de convaincre un public qui sera certainement peu nombreux.Ce qui est sûr, c'est que malgré les milliards dépensés par certains candidats pour faire campagne, malgré des accointances directes ou indirectes avec des ténors locaux qui jouent les rabatteurs, ce scrutin réserve bien des surprises, sur les plans participation et élection à l'hémicycle.