Depuis des semaines, voire des mois, les économistes mondiaux ne cessent de tirer la sonnette d'alarme en soulignant l'inconscience des grands constructeurs et des grandes équipes dont ils sont les partenaires. Euphoriques ou frappés de cécité, ces grosses bedaines, ces géants avancent, sourire aux lèvres, méprisant même l'écroulement général de la finance internationale et ses conséquences sur les clubs africains, les grands surtout. Le Ahly, le Zamalek, deux véritables écuries, sponsorisées par de grandes firmes, et employant des centaines de travailleurs, fonctionnent comme de véritables usines. La Tunisie, le Maroc, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Gabon, même si leur horizon ne cesse de s'assombrir, refusent d'admettre la réalité. Ils se disent loin de tout, à l'abri de tout. Certains doutaient du rôle que doit jouer le mouvement sportif au sein de la Fédération sénégalaise de football en cette période de crise du football civil. Ces derniers peuvent être rassurés car les pourvoyeurs trouvent bien leur place sur l'échiquier du football national et deviennent même un levier de développement ne serait-ce que du côté des infrastructures, de l'équipement et de la logistique de leurs instances. Aujourd'hui, les autorités étatiques et locales prêtent une oreille attentive et se mobilisent pour satisfaire dare-dare les sollicitations des dirigeants du sport.
La crise financière mondiale n'épargnera pas le Maghreb L'Afrique subsaharienne sera la plus durement touchée en cas de baisse de l'investissement direct étranger et des différentes aides qui risquent de découler de la crise financière actuelle, estime l'économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, M. Shanta Devarajan. Le resserrement prolongé des crédits risque d'entraîner les pays vers un ralentissement économique. La contagion financière a déjà atteint plusieurs pays et quelques-uns n'arrivent même pas à trouver de quoi nourrir leur population. Certains pays africains, vivant des revenus du produit des exportations, du tourisme et des fonds des travailleurs émigrés, risquent de se retrouver les quatre fers en l'air. Mise en garde contre les risques que courent les pays en développement au Maghreb, car tous leurs efforts pour améliorer la qualité de vie de leurs populations peuvent être remis en question si le resserrement des crédits ainsi que le ralentissement économique mondial devaient se prolonger. Si les prix du pétrole, principale source de revenus pour l'Algérie surtout, continuent d'enregistrer une baisse sensible, le football dans les pays du Maghreb sera la seconde victime de la crise mondiale. Après l'Europe et l'Amérique, les ondes de choc de la crise financière vont se propager dans l'économie africaine déjà fragilisée par les guerres ethniques, les dissensions entre un même peuple. 100 millions de personnes ont rejoint les rangs des pauvres cette année et ce nombre devrait encore augmenter. En effet, la thèse selon laquelle la contagion ne concernera pas l'Afrique ne tient pas. Il y a des conséquences importantes. La crise s'étend à tous les pays émergents. Tous les Etats doivent y faire face. Aucune nation africaine ne sera épargnée à l'instar de tous les pays de la planète. On est en face d'une crise globale. Pour l'instant, seule l'Afrique du Sud est un pays émergent. Quant à l'Angola, il a enregistré une croissance économique de 21% en 2007 (le record mondial). Certes, cette performance est liée à la flambée du prix du baril du pétrole. Mais, maintenant, ce prix dégringole… La récession générale et durable s'installe… Elle n'épargnera pas l'Afrique. Le tsunami financier ne contournera pas l'Afrique car la crise est structurelle et durable. Il faudrait une révision déchirante des stratégies de développement des pays du continent et une intelligence de la globalisation.
Fuites des investisseurs et gel des investissements Cette crise touche tous les secteurs. Les gouvernements de certains pays africains, touchés de plein fouet par la crise, n'envisagent pas de geler certains investissements, lesquels seront étudiés plus en détail. Toutefois, il est admis que de grands projets ne seront pas mis en place. Certains analystes sont enclins à envisager une fuite des investissements à cause d'une crise qui ne sera pas résolue rapidement. Ce qui pénalisera beaucoup de pays et réduira leur croissance. Selon des analystes mondiaux, les marchés financiers du continent africain ne sont pas au même niveau que ceux de l'Occident, la crise ne se sera pas perceptible et n'aura aucune incidence. «Dans la zone de l'Union économique monétaire ouest africaine [Uémoa], nous ne sommes pas soumis à ce genre de risque, car il n'existe pas d'entreprises qui investissent dans les actifs américains ayant perdu de la valeur. C'est pourquoi nos entreprises ne peuvent pas subir de chocs», explique un analyste financier d'une société boursière de Cotonou. «Les établissements financiers, les banques, les caisses de retraite, les fonds d'investissement de l'Uémoa ne seront pas touchés», poursuit-il. «De ce fait, la crise financière n'aura aucun impact direct sur nous», s'empresse-t-il d'ajouter. «A terme, les économistes pensent que la crise financière internationale affectera le Sénégal. Celui-ci se prépare, en interne, pour y faire face en renforçant la qualité de ses informations financières et sa certification de qualité», assure un économiste sénégalais installé aux Etats-Unis. Selon lui, sans la crise, le secteur du sport allait connaître un boom car les banques sénégalaises, très frileuses dans l'octroi de crédits immobiliers pour l'habitat social, sont en train de changer grâce à la concurrence née avec l'irruption dans le marché financier de nouvelles banques qui sont dans l'obligation de mener une politique hardie envers la clientèle pour gagner des parts de marché. Donc, nul n'est à l'abri. La crise est universelle, ni l'Afrique ni l'Europe ne sont épargnées. Tout est mondial... Planétaire, quoi ! Y. B.