L'économie allemande a dépassé les attentes en affichant hier une croissance de 0,5% au premier trimestre alors que la France et l'ensemble de la zone euro stagnent et que l'Italie et l'Espagne s'enfoncent dans la récession.L'écart de croissance entre la plus grande économie européenne et ses partenaires alimentera le débat en cours sur l'équilibre entre austérité et croissance dans une zone euro fragilisée par l'accentuation de la crise de la dette en Grèce.François Hollande, qui a pris officiellement ses fonctions de président de la République, a promis dans son premier discours d'ouvrir «une nouvelle voie en Europe» en proposant à ses partenaires un pacte qui allie la croissance à la restauration des comptes publics. Dans l'ensemble de la zone euro, la progression du Produit intérieur brut (PIB) a été nulle sur les trois premiers mois de l'année, selon la première estimation d'Eurostat, meilleure que le consensus des économistes (-0,2%). Au quatrième trimestre 2011, le PIB de la zone euro s'était contracté de 0,3%. Sur les trois derniers mois de 2011, le PIB allemand a reculé de 0,2% et celui de la France a augmenté de 0,1% contre une prévision initiale de +0,2%.«L'Allemagne fait mieux que le reste de la zone euro mais je ne crois pas que ça continuera à ce rythme», a dit Joerg Kraemer, économiste de Commerzbank après la publication des chiffres allemands. Les 41 économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne pour l'Allemagne une croissance de 0,1% au premier trimestre, la prévision la plus haute étant inférieure au 0,5% finalement publié, dont le niveau s'explique par le dynamisme des exportations et de la consommation intérieure.La stagnation en France est la conséquence d'une production tournant au ralenti, d'une consommation atone et de dépenses d'investissement en baisse. «Pas de bonne surprise sur la croissance au premier trimestre», a commenté Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis Asset Management. «Un peu de consommation, pas d'investissement. Pas fameux.» L'économie italienne a reculé de 0,8% au premier trimestre, signant un troisième trimestre consécutif de baisse, la plus forte depuis trois ans, tandis qu'aux Pays-Bas le PIB a décéléré, de 0,2%, également pour le troisième trimestre consécutif. En Espagne, des données publiées il y a deux semaines montrent que le pays, confronté à l'urgence de réduire ses déficits et de soutenir son système bancaire, est déjà en récession. La Grèce, plongée dans une crise politique qui menace d'assécher le versement de l'aide financière internationale nécessaire pour éviter la faillite sur ses emprunts, affronte quant à elle une cinquième année de dépression économique.A Rome, le président du Conseil, Mario Monti, plaide lui aussi en faveur d'une stratégie de croissance. Il a reçu lundi dernier le soutien indirect de l'agence de notation Moody's qui a abaissé les notes à long terme de la dette de 26 banques italiennes, citant le retour en récession de l'économie transalpine et les effets de l'austérité sur la demande.Angela Merkel paraît désormais de plus en plus isolée en Allemagne et en Europe après la défaite de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), dimanche dernier aux élections régionales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé et le plus industrialisé du pays. En République tchèque, le PIB a baissé de 1% au premier trimestre, le troisième trimestre consécutif de contraction, tandis que la Roumanie est tombée en récession avec -0,1%. En Hongrie, l'économie s'est repliée de 1,3%. L'économie bulgare a fait du sur place tandis que la Slovaquie a vu son PIB progresser de 0,8%. Reuters