Dans de la cadre de la 3e édition du Festival national de la création féminine, qui se déroulera du 23 au 31 mai prochain au Bastion 23, Palais des raïs, une conférence de presse a été animée, lundi dernier, par le comité d'organisation afin de présenter les grandes lignes de cette édition placée sous le thème «Les atours de toujours». La commissaire du festival, Hamida Agsous, soulignera que le thème de cette édition se présente comme un thème transversal, dans la mesure où il englobe plusieurs disciplines et domaines. «Derrière ce slogan, nous avons voulu réunir toutes les créations qui accompagnent le costume féminin, ce que certains nomment les ‘‘accessoires de la beauté'', définition sans doute pratique, mais quelque peu réductrice», indiquera-t-elle. Ainsi, ces atours regroupent des activités créatrices très diverses telles que la bijouterie dans toute l'étendue de ses matériaux, traditions et styles ; le travail de la couture et de la broderie pour la fabrication de châles, étoles, b'nika, abrouq (coiffes traditionnelles de sortie du bain), la maroquinerie et l'art de la chaussure.Les organisateurs précisent que tous ces ornements et objets sont liés à des artisanats anciens qui constituent des pans de notre patrimoine. Il est à noter que la formule de la thématique de cette 3e édition fait notamment référence à un passage de Benguennoun, le grand poète de Mascara du XXe siècle, et le titre de son fameux texte La fille aux merveilleux atours. Le texte de présentation explique à ce propos qu'«il y est, bien sûr, question de sentiments qui se cristallisent sur les attraits d'une charmante personne, mais également de l'éblouissement que provoque en lui celle qu'il compare à ‘‘l'étendard du bey, oriflamme brodée d'or'', allusion directe à ses diverses parures».Ainsi dans le cadre de cette manifestation, les œuvres de plus d'une trentaine de créatrices venues de différentes régions du pays y seront exposées. Il est à noter la participation cette année de créatrices venues d'Espagne et du Sénégal. Il est également prévu des ateliers de démonstration et d'initiation aux différents arts et savoir-faire notamment en bijouterie, en peinture sur soie et en tatouage au henné. Par ailleurs, des conférence-débats et des concerts sont également programmés au Bastion 23.Interrogée sur le risque de glissement du concept de festival vers le cantonnement de la création féminine dans un domaine, certes passionnant, mais qui pourrait être restrictif et qui tend à la présentation de la femme-ouvrière et non de la femme artistes créatrice, la commissaire dira que la thématique était placée dans un esprit de continuité, puisque les précédentes éditions étaient dédiées au tissage et à la broderie, en mettant en exergue l'importance de la mise en valeur des savoir-faire séculaires faisant partie intégrante du patrimoine algérien. Pour plus de précisions, le directeur de Bastion 23, Azzedine Antri, a estimé que le domaine de la créatine féminine était très vaste et que lors des prochaines éditions d'autres aspects de cette création artistique seront mis en valeur.Concernant l'absence des pays arabes, dont la présence pour cette année avait été annoncée lors de la précédente édition, la commissaire a rétorqué qu'«en ce moment, il n'était pas aisé d'inviter des créatrices de Tunisie, d'Egypte, de Libye et même de Syrie». Elle n'a, toutefois, pas précisé s'il n'y a pas eu des invitations adressées aux autres pays arabes avec lesquelles l'Algérie a d'excellentes relations.Au final, ce festival dédié aux ornements fera certainement le bonheur de nombreuses femmes, surtout à l'approche de l'été, période propice pour les mariages qui deviennent de véritables concours d'étalages de tous ces atours féminins. Espérons qu'au moment où la femme algérienne fait une entrée fracassante à l'Assemblée nationale et qu'elle n'est plus cantonnée dans ces métiers «féminins», les prochaines éditions du Festival national de la création féminine proposeront d'autres thématiques qui pourront dévoiler le talent des femmes dans le domaine de la création innovante et qu'on fera enfin sauter ces carcans dans lesquelles on a voulu corseter la femme pendant de longs siècles. A moins que le festival ne soit qu'une autre expression de cette image de la femme, éternelle mineure… S. A.