Une programmation intéressante pour cette semaine au Centre culturel français d'Alger. Pascale Roze sera, le mardi 3 juin prochain à 17h, l'invitée des débats littéraires hebdomadaires. Et Françoise Dastur animera, le jeudi 5 juin, une conférence sur le thème : «Y a-t-il un nihilisme européen ?» «Le chasseur vrombissait. Je sentis la sueur dégouliner sur ma peau. D'abord, des étoiles zigzaguèrent devant mes yeux. Puis les murs se mirent à tourner. Et soudain un sifflement suraigu, enflant à une vertigineuse vitesse, hurla du haut en bas de la cage d'escalier […]. Je m'évanouis.» Il s'agit là de la plume incisive de Pascale Roze. Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle a fait une entrée marquée dans le monde de la littérature. Et pour cause, son premier roman, le Chasseur Zéro (Albin Michel) obtient le prix du Premier Roman et le prix Goncourt, en 1996. Pascale Roze est née au Vietnam et a fait en France des études de lettres et de théâtre. De 1983 à 1993, elle a travaillé avec Gabriel Garran au Théâtre de la Commune, et au Théâtre international de langue française. Elle a publié son premier livre en 1994, un recueil de nouvelles intitulé Histoire dérangées (Julliard 1994) où l'on sent l'influence de Marguerite Duras. Depuis, elle se consacre à sa propre écriture et à l'animation d'ateliers en milieu scolaire et professionnel. Elle a ensuite publié deux autres romans Ferraille (Albin Michel, 1999), et Parle-moi (Albin Michel, 2003), et un récit Lettre d'été, lettre-méditation (Albin Michel, 2000), adressée à Léon Tolstoï. Puis Un homme sans larmes (Stock, 2005), dialogue intime avec le poète épicurien Horace et l'Eau rouge (Stock, 2006). Françoise Dastur sera l'invitée du CCF, jeudi prochain à partir de 14h30 pour discourir sur le nihilisme européen si toutefois il existe. Professeur émérite de philosophie à l'Université de Nice–Sophia Antipolis, elle abordera donc cette problématique en présence du public algérois. En voici l'abstract : «Si l'idée que le phénomène de ‘‘décadence'' définit en profondeur la modernité européenne qui s'est développée dans la culture française à la fin du XIXe siècle (avec le mouvement littéraire et artistique du ‘‘décadentisme''), c'est pourtant dans la culture allemande que ce phénomène a trouvé sa plus large diffusion avec Nietzsche, qui a élaboré, en partant du pessimisme de Schopenhauer, une véritable analyse du ‘‘nihilisme européen''. C'est ce qui explique que la question de la crise de la civilisation occidentale soit devenue au XXe siècle une question fondamentale pour un certain nombre de penseurs européens : Valéry (la Crise de l'esprit, 1919), Spengler (le Déclin de l'Occident, 1918-1922), Freud (le Malaise dans la civilisation, 1929). C'est également dans l'horizon d'une interrogation sur la crise de l'humanité européenne face aux avancées de la technique moderne que se situent les réflexions des philosophes issus du mouvement phénoménologique, Husserl, Heidegger et Patocka. La question cruciale est ici, comme ce fut déjà le cas pour Nietzsche, celle du remède qu'un nouveau mode de pensée pourrait apporter au nihilisme inhérent à la civilisation technique en tant qu'elle est paradoxalement le résultat de l'esprit européen des ‘‘Lumières''.» Rendez-vous sont donc pris pour mardi et jeudi prochains ! F. B.