Pologne-Russie, qui pourrait être décisif pour une qualification des Russes en quart de finale de l'Euro-2012 (Gr. A), aujourd'hui à Varsovie, va être placé sous haute surveillance en raison des contentieux historiques entre ces pays et par la faute des hooligans russes. Les autorités polonaises avaient sans doute déjà coché ce match dans leur calendrier avec la mention «à surveiller». Les plaies restent vives dans les mémoires polonaises: la domination russe au XIXe siècle sur la majeure partie des territoires polonais, l'invasion de l'Armée rouge stoppée en 1920 aux portes de Varsovie, le pacte germano-soviétique de 1939 débouchant sur un nouveau partage de la Pologne et le massacre sur l'ordre de Joseph Staline de milliers d'officiers polonais en 1940 à Katyn. Et même si les joueurs font tout pour calmer le jeu, on sent bien que la rencontre dépasse le cadre sportif. «Est-ce qu'il y a une rivalité avec la Russie ? Non, c'est plus avec l'Allemagne que la Russie, il n'y a pas une grosse rivalité avec la Russie, mais ce ne sont pas non plus des amis proches», avait glissé le milieu de terrain polonais d'origine française Ludovic Obraniak à l'issue du match d'ouverture Pologne-Grèce (1-1). Et la presse tabloïd, tel Super Express, ne fait pas vraiment dans la dentelle, présentant le sélectionneur polonais Franciszek Smuda en uniforme, à cheval, sabre à la main, réclamant «un deuxième miracle sur la Vistule» en allusion à une bataille gagnée par la Pologne contre les Russes en 1920. Aux contentieux historiques se sont ajoutés les débordements d'une minorité de hooligans russes pendant et en marge de Russie-République Tchèque (4-1) vendredi à Wroclaw (Pologne). Tandis que sur la pelouse «Arshavin et cie» faisaient vivre avec talent le ballon et humiliaient les Tchèques, dans les tribunes et en dehors, une poignée de hooligans multipliaient les incidents entre fumigènes, drapeaux à connotations nationalistes, bagarres et suspicions de chants racistes à l'égard d'un joueur tchèque de père éthiopien.