[image] De notre correspondant à Constantine A. Lemili
A l'ordre du jour de la session ordinaire de jeudi passé de l'APC de Constantine ne figuraient que des sujets tout autant ordinaires de la vie d'une commune. Pourtant, c'est à la faveur d'une digression que le programme allait être chamboulé et décaler de plus d'une heure l'ordre du jour initialement prévu.Raison ? Un élu interpelle le maire sur la suspension, pendant deux jours, d'énergie électrique du fait délibéré de la société de distribution d'électricité de l'Est (issue de Sonelgaz) et forcément, tous les désagréments qui en ont découlé, autant pour le fonctionnement de l'institution que pour la prise en charge des citoyens sur bien des aspects. «Cela est d'autant plus grave que l'APC est, avec une redevance annuelle moyenne de 12 milliards de centimes, le premier client de la SDE», dira, excédé, l'élu évoquant «un mépris à l'endroit d'un symbole de la République.Le maire happera, au vol, l'opportunité qui lui est offerte pour parler «d'une affaire qui me tient à cœur et qui est même un excellent apéritif pour la suite des travaux de la présente et honorable assemblée ». Dans cet épisode, unique en son genre, Chibane enchaînera «C'est effectivement désolant que cela nous arrive à nous, personnes éduquées, à cause d'un directeur d'établissement public qu'en vertu de nos attributions, nous pouvons réquisitionner à tout moment et en toutes circonstances. D'ailleurs, nous nous demandons si le directeur de la SDE aurait fait preuve de tant de zèle s'il s'était agi de redevances dûes par l'armée, ou la wilaya. Toutefois, nous avons préféré répondre à la SDE et l'injonction qui nous était faite de nous acquitter d'une redevance de près de six millions de centimes, non pas en nous engageant à son payement dans un proche avenir, mais mieux encore, en l'honorant tout simplement. Il n'y avait pas de raison de ne pas le faire. Exception faite de la rigueur connue des procédures d'usage au sein de l'administration, et plus particulièrement en cette période, avec la mise en place des crédits, conformément à la nouvelle loi de finances»Prenant acte de l'engagement de l'institution communale, la SDE lui fait ultimatum d'assainir sa situation au 5 juin. A partir de cet accord, la machine administrative s'est emballée avec, bien entendu, l'orthodoxie qui lui est connue et, par voie de conséquence, le cheminement implacable auquel est soumis tout engagement financier au nom de l'Etat. Quoi qu'il en soit, et démonstration imagée apportée par le secrétaire général de l'APC, l'ensemble de la procédure est bouclée le 3 juin et le virement au profit du prestataire effectué le jour même. A son tour, le P/APC dira que «les agents de recouvrement de la SDE délégués pour ce faire ont assisté, pas à pas avec nos services, à toutes les opérations» .Pourtant, passé le 5 juin, la SDE entreprend de suspendre graduellement la fourniture d'énergie électrique, jetant ainsi dans le noir service après service, menaçant de plonger dans le noir le bureau du P/APC en dernier. Façon comme une autre de persuader l'administration communale d'obtempérer à l'injonction faite il y a déjà plusieurs jours. Est-ce du mépris, est-ce une mauvaise synchronisation dans la gestion interne de la SDE, qui aurait fait que la suspension se fasse alors que tout était réputé réglé ? Ce n'est vraisemblablement ni l'un, ni l'autre dans la mesure où, si l'opération était censée avoir abouti aux yeux de l'administration de la municipalité, il n'en était pas de même pour le fournisseur d'énergie électrique et gazière, dont les services ne considèrent l'acquittement effectif d'une redevance «qu'une fois l'argent entré dans les caisses de la société», nous dira, joint au téléphone dans la même journée, le directeur commercial de la SDE.Chacune des parties semble donc être dans la raison. Sauf qu'harcelé par ses pairs, le P/APC «s'engagera sur un terrain plutôt vaseux, en imputant le comportement méprisant de la société prestataire à des manœuvres politiciennes, qui viseraient les cinq formations politiques que nous représentons ici» (sic). Ce qui ne peut que laisser dubitatif, parce qu'il parait pour le moins incongru qu'une société économique de production justifie d'une quelconque raison de se mettre dans un bourbier que rien ne justifie, au vu de l'illisibilité politique générale. Comme le P/APC met encore cette affaire sur le compte d'une «vengeance,» en parlant d'une mesure de rétorsion de la SDE, «à laquelle les services communaux ont refusé l'octroi d'une autorisation de voirie sur une artère qui, après des décennies, vient tout juste d'être refaite» et enchaînant, il dira «nous avions pourtant informé l'ensemble des entreprises qui pouvaient être concernées par la réhabilitation de la voie d'entreprendre toutes les interventions qu'elles envisageraient à court, moyen ou long terme, à réaliser avant la finalisation de l'opération». Enfin, il existerait, aux yeux du maire, une autre raison : celle qui consisterait , pour la SDE, à ne pas admettre le seul règlement des redevances concernant la fourniture d'énergie, près de cinq milliards de centimes pour quatre mois de consommation (janvier à avril 2012) et non pas une autre, de plus de 12 MDA, représentant des travaux entrepris en 2009. Un montant «qui ne serait pas justifié, en raison de la différence entre le devis préalable et la facture définitive ». C'est vraisemblablement sur ce quiproquo que les acteurs de l'une et de l'autre parties n'arrêtent pas de surfer, pour s'extraire d'un véritable vaudeville, qui tourne en ridicule une entité économique et une institution politico-publique.En conclusion, acculé par les élus sur les suites à donner au mépris affiché par la SDE à l'endroit de l'APC et de son premier représentant, le maire annoncera, après formalisation d'un dossier, le recours à la justice. Intervenant à son tour, le SG soulignera «…l'évaluation du manque à gagner pour l'APC, en ce que l'immobilisation aura coûté, en charges salariales, paralysie de la trésorerie communale, désagréments causés aux citoyens.»