La Fédération internationale pour les droits de l'Homme (Fidh) et son organisation membre au Mali, l'Amdh, s'inquiètent des «poursuites» des crimes commis au Nord Mali par les groupes islamistes et le Mnla, depuis la mi-janvier 2012. Dans un rapport d'enquête sur ces exactions, publié jeudi, la Fédération relève des «crimes de guerre» passibles de la Cour pénale internationale (CPI). «Ce rapport présente l'enquête et les témoignages recueillis au Nord-Mali qui démontrent que des dizaines de viols, des exécutions sommaires et des pillages systématiques ont été commis lors de la prise des grandes villes du Nord par les groupes armés», a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la Fidh. L'enquête a permis d'identifier une cinquantaine de cas de viols et autres crimes sexuels commis contre des femmes, dont de nombreux cas de mineures, perpétrés à Gao et Tombouctou dès la prise de ces villes par le Mnla. Le recrutement d'enfants-soldats par les groupes islamistes est une autre forme de violence rapportée par la Fidh. «Des dizaines de cas ont été documentés par nos organisations qui s'inquiètent de la vague de recrutement menée en ce moment par Ansar Eddine, alors que des enfants de 12 à 15 ans seraient actuellement dans leurs camps d'entraînement à quelques kilomètres de Gao», note le communiqué de la Fédération. L'enquête revient également sur l'exécution sommaire de 153 militaires maliens faits prisonnier et exécutés par les rebelles touareg et islamistes, à Aguelock le 24 janvier 2012. «Ces exactions sont des infractions graves au droit international humanitaire que nous avons analysées comme constitutives de crimes de guerre et possiblement de crimes contre l'humanité, et qui en tout état de cause relèvent de la compétence de la Cour pénale internationale», a déclaré Me Patrick Baudouin, responsable du Groupe d'action judiciaire de la Fidh. Dans ce rapport, il est également dénoncé des prises d'otages, des détentions arbitraires, des pillages et des destructions de biens, en particuliers des biens culturels et des lieux de cultes de valeurs inestimables. «Alors que les destructions des mausolées par les islamistes ont repris à Tombouctou, le Mali n'a ni la capacité de faire cesser tous ces crimes et encore moins la capacité judiciaire de poursuivre et juger leurs auteurs», a déclaré Me Moktar Mariko, président de l'Amdh. La Fidh et l'Amdh recommandent au «gouvernement malien de transition et à la communauté internationale (de soutenir) activement la feuille de route de la Cédéao visant à mettre en place au Mali un gouvernement d'union nationale et, au plan international, une force africaine de sécurisation». «Pour stopper les crimes de guerre au Nord-Mali, il faut non seulement un gouvernement plus légitime à Bamako mais aussi un soutien du reste de la communauté internationale aux Etats africains de la région qui tentent de trouver la solution au problème malien», a déclaré Me Sidiki Kaba, président d'honneur de la Fidh. «Sans une normalisation du régime au Sud, pas de solution rapide pour le Nord. Dans cette perspective, le sommet de l'UA et l'action du Conseil de sécurité des Nations unies ces prochaines semaines seront décisives. Pendant ce temps les populations civiles du Nord sont sous l'emprise des groupes islamistes armés radicaux et rétrogrades», a-t-il ajouté.