Drame - Dans le nord du pays notamment, la situation prend l'ampleur d'un calvaire pour les populations aux mains des groupes armés. «Quatre-vingt-quinze militaires ont été arrêtés» sans opposer de résistance. Les islamistes ont dit qu'ils allaient les égorger pour montrer qu'ils sont des infidèles. On m'a dit que ceux qui ont résisté ont été fusillés et que d'autres ont été égorgés». C'est là un des témoignages d'un soldat malien repris dans un rapport intitulé : «Mali retour sur cinq mois de crise», de Amnesty International publié ce mercredi. Ce rapport, publié ce mercredi, enumère les exactions subies par les populations dans ce côté de l'Afrique par les groupes armés ayant pris le contrôle des principales villes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou. Un témoignage confirmé par un habitant d'Aguelhok : «Certains militaires ont péri les armes à la main, d'autres ont été pris et égorgés au portail du camp.» Un autre militaire a décrit les «conversions forcées» à l'Islam imposées par Ansar Dine et ses alliés d'Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), et a affirmé avoir vu dans les rangs de islamistes des «jeunes de 12 à 17 ans». «Viols, exécutions sommaires, détentions arbitraires et enrôlement d'enfants soldats» Ce rapport met à nu les pratiques inhumaines de toutes les parties en conflit au Mali. L'organisation de défense des droits de l'Homme décrit le chaos qui s'est installé dans tout le nord du pays, tombé aux mains de rebelles touareg et d'islamistes, et documente violences et arrestations arbitraires pratiquées par les militaires putschistes dans le Sud. Amnesty International, qui a enquêté pendant trois semaines en avril dans la capitale malienne, Bamako, mais aussi dans quatre camps de réfugiés au Niger voisin, estime que «toutes les parties en conflit ont commis et continuent de commettre des violations» des droits de l'Homme. L'ONG a rapporté les témoignages de soldats brièvement faits prisonniers par le groupe islamiste Ansar Dine lors de la prise d'Aguelhok (nord) en janvier dernier dans le Nord, les civils, et surtout les femmes, ont subi une série de violences : pillages, viols, arrestations arbitraires. De nombreux témoignages attestent de viols, parfois collectifs, «par des hommes armés dont des membres du groupe armé targui, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), notamment à Ménaka et Gao». D'autres témoignages font état d'exécutions sommaires perpétrées par des militaires sur les routes. L'ONG appelle dans ce cadre, toutes les parties en conflit à «respecter le droit international humanitaire» et demande aux autorités maliennes de cesser «de harceler ceux qui militent pacifiquement pour l'Etat de droit». Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International et un des auteurs du rapport, estime que «le Mali est confronté à la plus grave crise depuis son indépendance en 1960». Une crise qui avait poussé «fin avril 300 000 personnes à quitter le nord» du pays dans un contexte de pénurie alimentaire qui «affecte 15 millions de personnes dans la région du Sahel». Amnesty International dénonce aussi des exactions commises par les soldats putschistes à Bamako, notamment les détentions arbitraires de responsables politiques hostiles à la junte auxquels l'organisation a refusé l'accès, au camp militaire el Kati. Le Mali est coupé en deux depuis la fin de mars dernier, après un putsch militaire qui a renversé le Président Amadou Toumani Touré le 22 mars précisément.