L'enrôlement de Roger Lemerre au CS Constantine est anecdotique du désordre qui règne dans la compétition nationale et symptomatique en ce sens qu'il vient confirmer l'absence de normes réellement pour le justifier. L'ancien sélectionneur de l'équipe de France, Champion d'Europe et Champion d'Afrique, se situe t-il, en matière de coût financier, dans les capacités du club constantinois ? D'emblée, et même si la direction du club souligne la signature du contrat, la réponse est : Non ! pour la simple raison que le CS Constantine vit des subventions de l'Etat et ce, même si l'Etat ou ses instruments locaux ne peuvent donner que ce qu'autorisnt les textes. Or, même si l'on raconte, ici et là, que le nouveau manager général des «Vert et Noir» n'aurait donné son accord que pour un salaire mensuel de 20 000 euros mensuels, il n'en serait pas moins des plus farfelus de connaître l'origine du pactole annuel, pour un club qui vit des subventions de l'Etat, versé au nouveau manager général d'une part et des autres avantages en nature, très conséquents, d'autre part. Dès lors, exception faite du formidable coup médiatique réalisé par la direction du CSC et, c'est vraisemblablement, cette sensation qui est recherchée en dehors de tout autre intérêt sportif, le recrutement de Roger Lemerre pourrait n'être qu'un coup hasardeux comme cela peut l'être avec un technicien national coté. Autrement dit, la signature du contrat entre le club et son nouvel employé sort l'affaire de son contexte sportif pour tomber de plain-pied dans le spectaculaire, le people. En somme dans l'univers glauque, deux fois plus qu'une, dans le championnat Algérie, du showbiz. Alain Michel, le coach de la JSM Béjaïa, avouait, récemment, que les conditions de travail en Algérie ne sont pas faciles mais que l'argent à ramasser avait pratiquement une meilleure odeur, sachant qu'il était perçu net de toutes ponctions fiscales, sociales, etc. La très absconse Dncg s'évertue à organiser des séminaires sur la gestion des clubs professionnels et de «menacer» de prises de décisions contre ceux qui se mettraient en porte à faux dans la gestion honnête des deniers de l'Etat, ça ne sera pas plus. Pourtant, le recrutement de Lemerre semble être un véritable cas d'école en matière de nébulosité et de situation à l'autre de souffre plus qu'annoncée. L'Algérie est, depuis quelques années, passez-nous l'expression, la plaque tournante du football aux mauvais relents. Les conséquences de la dérive sont pratiquement les mêmes que celles que causent la drogue, la prostitution, la corruption. Le plus inquiétant reste cette réalité implacable que toute les mises en scène qui matérialisent une discipline qui ne fait que donner l'impression d'une dynamique est que le désintérêt pour ne pas dire l'indifférence des pouvoirs publics, à commencer par les instances sportives, supérieures, nationales de prendre à bras le corps la gestion de ce dossier et tenter vaille que vaille d'y mettre de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur autant que celui de l'Economie et des Finances sont également parties prenantes dans ce qui se passe dans une discipline qui, telle un satellite, se détache graduellement du monde organisé pour légitimer, en douceur mais pernicieusement, un autre plus opaque, délétère où l'argent coule à flots sans que ceux qui le brassent, le fructifient n'en soient inquiétés. Le CS Constantine a recruté Lemerre ! Qui va s'intéresser d'abord de l'origine de la masse monétaire en devises qu'il va percevoir ? qui s'inquiétera de son cheminement vers la France ou n'importe quel autre paradis fiscal ? Existe-t-il une traçabilité dans toute cette affaire ? En ordonnant, selon ce qui est dit par les personnes présentes à l'aéroport, le déplacement d'une délégation de l'exécutif pour accueillir le manager général du CSC, l'Etat n'a t-il pas été «dangereusement» impliqué dans une affaire dans laquelle il aurait eu du mérite à briller par sa neutralité ? Enfin, quant à l'apport technique, les avantages dans le domaine du développement du football, la formation des joueurs - qui pourraient être apportés par les techniciens étrangers - il est clair, comme le rappelle sagement un dicton populaire, «Il y a à boire et à manger ». La preuve ? Le technicien qui devait encadrer le Mouloudia d'Alger ne le fera pas et la raison est plutôt caustique : il ne disposerait pas du niveau requis pour ce faire. C'est dire. A. L.