La mobilisation s'accentue de jour en jour autour du gouvernement pour freiner l'avancée des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), qui ont déclenché une rébellion dans le Nord-Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Outre la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (Cirgl), composée d'une douzaine de pays d'Afrique centrale, l'Union africaine a affiché une ferme volonté pour soutenir la RDC dans sa lutte contre ces groupes rebelles qui menacent durablement la stabilité du pays. L'Organisation des Nations unies, qui dispose déjà d'une mission spéciale en RDC, s'est également impliquée davantage dans ce conflit par peur de voir toute la sous-région de l'Afrique centrale s'embraser. Il s'agit en fait d'une mobilisation qui vise à éviter un nouveau génocide dans la région, semblable à celui qui a causé la mort de plus de huit cents mille personnes et engendré des millions de déplacés entre 1998 et 2003. Parallèlement aux efforts de la communauté africaine et internationale pour combattre le M23 et les autres groupes rebelles locaux qui le soutiennent, les populations locales essayent du mieux qu'elles peuvent d'apporter leur contribution en dénonçant les violences commises dans le Nord-Kivu contre des civils et en organisant des manifestations pacifiques à travers plusieurs villes de la province. Une grandiose marche a d'ailleurs été organisée par la «société civile» et le gouvernorat du Maniema (Est de la RDC), pour dénoncer les actes meurtriers du M23 dans la région mais aussi la présumée implication du Rwanda voisin, à travers son soutien logistique et militaire aux rebelles. Human Right Watch et une commission d'enquête indépendante de l'ONU avaient mis en cause, ouvertement, Kigali dans deux rapports distincts. Le Rwanda est accusé de soutenir le M23, ce que les autorités de Kigali ont rejeté en bloc même si les deux rapports avancent carrément les noms de hauts gradés de l'armée rwandaise en appui à ces accusations. Le gouvernement de Kinshasa préfère plutôt jouer la carte de l'apaisement avec son voisin, en signant avec lui un accord stipulant la mise en place d'une force militaire internationale neutre pour lutter contre les groupes rebelles qui écument l'ensemble de l'Est de la RDC depuis des décennies. Il est vrai que de nombreuses questions demeurent posées quant à la composition de cette force internationale et son financement. La presse congolaise a affiché sa réticence face à l'envoi de cette force. La presse locale se demande si cette force armée ne va pas gêner le travail des 17 000 soldats de la mission onusienne Munesco qui dispose, par ailleurs, de 2 000 employés civils à travers le territoire de la RDC. Il est en fait difficile de répondre à toutes ces questions car l'idée d'une intervention militaire, aux côtés de l'armée régulière de Kinshasa, vient à peine d'être formulée. Il faudra quelques semaines encore pour pouvoir voir la formation de cette force militaire internationale. En attendant, les rebelles du M23 continuent de terroriser les populations par leurs attaques contre des villages isolés dans le Nord-Kivu, sans compter les combats qu'ils mènent contre l'armée régulière et les troupes de la Munesco dans plusieurs zones stratégiques de cette province frontalière avec le Rwanda et l'Ouganda. L. Y.