Face à la dégradation de la situation dans la province du Nord-Kivu, l'Union africaine s'est manifestée en envoyant à Kinshasa le président de la Commission de l'UA. Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a solennellement appelé à l'unité et à la «mobilisation» des Congolais pour faire échec à la rébellion dans l'est du pays de Laurent Nkunda, dont les attaques contre l'armée se multiplient. Face à la dégradation de la situation dans la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, l'Union africaine (UA) s'est elle aussi manifestée: le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, était attendu hier à Kinshasa «dans le cadre des efforts tendant à ramener la paix et la sécurité dans l'est de la RDC». «Par delà tout clivage politique, mobilisons-nous comme un seul homme derrière nos forces armées et les élus de la nation pour préserver la paix, l'unité et l'intégrité du pays», a déclaré M.Kabila, lors d'un message diffusé jeudi soir à la télévision nationale. «L'heure est grave et chacune et chacun de nous est, en conséquence interpellé», a-t-il ajouté. Cette allocution est intervenue au lendemain de l'attaque au Nord-Kivu par la rébellion de Laurent Nkunda du camp militaire de Rumangabo, verrou important pour l'armée congolaise situé à environ 50km au nord de la capitale provinciale, Goma. Les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) se sont emparé du camp après d'intenses combats. Ils l'ont toutefois évacué le lendemain à la demande de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), a indiqué cette dernière, hier. Lors de son allocution, M.Kabila a félicité les soldats de l'armée nationale pour leur «bravoure», assurant qu'ils avaient «globalement résisté» et que le CNDP avait finalement subi un «échec». Après avoir mis en garde contre «ceux qui ne rêvent que de la balkanisation et de la soumission de notre pays», M.Kabila a exhorté les Congolais à «une vigilance sans faille» face à ceux qui «convoitent les richesses» de leur pays. Selon lui, le but de Laurent Nkunda, retranché dans les collines du Nord-Kivu, «n'est plus de protéger sa communauté ethnique comme il l'a toujours prétendu, mais de diviser le pays pour réaliser l'expansionnisme d'un territoire voisin». Le gouvernement congolais a ouvertement accusé jeudi le Rwanda d'envoyer des troupes au Nord-Kivu pour soutenir la rébellion, ce que Kigali a aussitôt démenti. Tutsi congolais, considéré comme proche du pouvoir en place à Kigali, Laurent Nkunda avait appelé le 2 octobre tous les Congolais «à se mettre debout contre un gouvernement qui a trahi son peuple». De son côté, le patron de l'UA Jean Ping devait entamer hier une visite de trois jours en RD Congo pour aider à un retour au calme au Nord-Kivu et «promouvoir la stabilité dans la région», selon un communiqué de l'UA. «Au cours de cette visite, le président de la Commission s'entretiendra avec les autorités congolaises de l'évolution de la situation et de la contribution que l'UA pourrait apporter en vue de faciliter la mise en oeuvre des différents accords et mécanismes convenus entre les acteurs congolais et au niveau de la région, en vue de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité en RDC et dans la région», assure le texte. Des combats opposent régulièrement depuis fin août au Nord-Kivu l'armée congolaise à la rébellion de Nkunda, en violation d'un cessez-le-feu décrété après l'accord de paix de Goma signé par les différentes parties au conflit en janvier 2008. Des accrochages armés ont également lieu dans la région voisine de l'Ituri.