Le ministre syrien de la Défense, le général Daoud Rajha, et son adjoint, Assef Chawket, ont été tués hier mercredi dans l'attentat suicide qui a visé le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas où se tenait une importante réunion, a annoncé la télévision d'Etat syrienne. Jamais l'action terroriste n'avait atteint un tel niveau depuis le début des hostilités. Cela préfigure-t-il d'une offensive «décisive» comme l'annoncent les porte-voix de la rébellion qui a aussitôt revendiqué l'attentat. Nommé ministre de la Défense en août 2011, le général Rajha occupait aussi les postes de chef adjoint de l'état-major de l'armée et de vice-Premier ministre. Un nouveau ministre de la Défense, le générale djassim al freidj, a été nommé quelques heures après l'annonce de la disparition de l'ancien ministre, La télévision syrienne promet de donner plus de détails, notamment sur l'identité des autres victimes, et de diffuser d'autres images sur l'attentat dans les prochaines heures. Il est bien clair que cette action, de par son ampleur et le choix de la cible, participe aussi de la guerre psychologique que mène les groupes armés, soutenus de plus en plus ouvertement par certaines capitales du golfe en plus d'Ankara, et qui ont relancé leur offensive depuis la défection de certains officiels. Le ministre de l'Information syrien a, d'ailleurs, accusé hier les services de renseignement du Qatar, de l'Arabie Saoudite, de la Turquie et d'Israël. Il y a aussi lieu de noter qu'une telle action dénote à quel point le régime était «noyauté». Puisque, selon les agences de presse, l'auteur de l'attentat ferait partie de la garde rapprochée de Bachar Al-Assad. Les observateurs ne peuvent s'empêcher de faire la liaison avec la tenue d'une réunion hier même, au Conseil de sécurité des Nations unies, où les capitales occidentales s'apprêtaient à présenter un projet de résolution qui puisse acculer davantage le régime syrien. Déjà, le ministre français des Affaires étrangères a donné le ton, en considérant l'attentat d'hier comme un signal fort montrant, à ses yeux, l'impératif d'une décision ferme au niveau du Conseil de sécurité, même ton chez le chef de la diplomatie britannique, Robert Hugues et aussi chez la chancelière allemande, Angela Merkel, qui n'ont pas, non plus condamné l'attentat, mais qui y voient, au contraire, l'opportunité pour offenser Damas. Mais il faut attendre la réaction de Moscou et Pékin, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, pour savoir si les capitales occidentales seraient en mesure de faire avancer leur projet. En effet, jusqu'à hier, la Russie se disait toujours hostile à toute idée de sanction ou de mesure de coercition contre damas. Les médias internationaux ne manqueront pas, après ce coup dur pour le régime de Damas, d'amplifier cette offensive, en présentant un régime «décapité», vivant son dernier quart d'heure au moment où l'armée syrienne était sur le point d'écraser la rébellion, en multipliant les assauts contre leurs fiefs.