A quelques jours du coup d'envoi des JO de Londres, il est grand temps que le conseil des oulémas algériens ou musulmans donne son avis sur ce mois sacré qui coïncide avec les jeux Olympiques de Londres 2012. Leur fatwa mettra un terme à toutes les supputations ou approximations promulguées sous forme de fatwas, terme devenu banal à cause d'une pléthore de muftis improvisés. Le 27 juillet 2012, soit le huitième jour du mois de Ramadhan, les Jeux Olympiques de Londres débuteront. Pendant quinze jours -jusqu'au 12 août- des milliers d'athlètes venus de toute la planète tenteront de décrocher une médaille. Pour rappel, cette manifestation d'envergure, la deuxième après le Mondial de football, coïncide avec un événement de grande importance dans la vie du musulman, le Ramadhan ou mois de jeûne, un des piliers de l'islam qui sera observé par les trois mille athlètes musulmans qui prendront part à ces joutes. Pourtant, le Ramadhan n'est pas un jeûne complet. Mais ceux qui le pratiquent ne sont pas alors considérés comme performants et sont, bien souvent, mis en demeure de surseoir à leur jeûne ou de quitter leur poste de titulaire (en particulier dans le football). De fait, des études ont été réalisées pour jauger les performances d'athlètes en état de jeûne. Pour des sports d'endurance, surtout, parce qu'il est évident que toutes les compétitions qui reposent sur des efforts brefs et puissants (consommation d'ATP, de glycogène anaérobie), les muscles et le foie doivent largement libérer leurs glucides. Et ces glucides ont disparu après un jour de jeûne. Selon les médecins spécialisés en médecine du sport, les deux heures qui précèdent la rupture du jeûne sont la période la plus propice pour la pratique du sport en période de Ramadhan. Cette période est la plus opportune, vu que le corps va compenser le manque de calories juste après l'effort physique. C'est également une période qui n'est pas caractérisée par une forte chaleur. D'abord, parce que c'est le moment du zénith et c'est aussi la période où le corps connaît un très faible taux de glycémie. D'où le sentiment de fatigue qu'on ressent durant cette période. Pour les musulmans qui prennent part à cette compétition, jeûner et pratiquer un sport pendant une compétition aussi exigeante que peut l'être une épreuve Olympique est difficilement réalisable ; ce qui explique l'irritation des autorités sportives de plusieurs pays musulmans qui fustigent, depuis 2008 déjà, le choix des dates des JO. L'Egypte et les Emirats ont émis une fatwa pour reporter le mois de jeûne A Londres, ce chiffre très élevé d'athlètes musulmans n'a pas l'air de gêner, outre mesure, le CIO et les organisateurs londoniens qui restent fermes sur la question depuis sept ans. Lors de l'attribution des Jeux, de nombreux comités olympiques, nationaux avaient exprimé leurs inquiétudes, eu égard du nombre important de sportifs de haut niveau concernés par le jeûne du mois de Ramadhan. Selon la loi coranique, ces derniers ne doivent ni boire, ni manger depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, ce qui pourrait avoir des conséquences sur leur santé physique les jours d'épreuves. Toutefois, jeûner est obligatoire. Pour autant, il existe des justificatifs qui permettent d'être dispensé, provisoirement ou non. Ceux qui sont malades ou en voyage peuvent, soit reporter le nombre de jours de jeûne non observés à des jours meilleurs, soit s'acquitter d'une compensation, comme l'indique un verset coranique (sourate 2, verset 184). Cette compensation (Fidiya) consiste à nourrir soixante pauvres par jour où le jeûne n'a pas été observé. Cette année, le jeûne durera plus de 12 h, c'est-à-dire d'El-Fajr jusqu'à El-Maghreb, au moment des Jeux. Ce qui constitue une autre dure épreuve pour tous les jeûneurs. Les athlètes prennent-ils un risque même s'ils s'y sont préparés ? Même si Londres est une capitale des températures clémentes et douces ? Cependant, un sportif ressent une soif importante après un très grand effort physique. Lorsque le jeûne se prolonge, comme c'est le cas lors du Ramadhan, le déficit énergétique place l'organisme en situation de «souffrance». Dans une telle situation, on peut difficilement atteindre des performances sans avoir la disponibilité énergétique nécessaire. Pratiquer un sport sans s'alimenter, sans boire et, surtout, en période de chaleur, possible au mois de septembre, peut apporter, au minimum, une diminution de la force musculaire, voire une hypoglycémie. Celle-ci se caractérise par des tremblements suivis de vertiges, de troubles de l'équilibre, de nausées, vomissements, maux de tête, troubles de la vigilance. Cette hypoglycémie peut provoquer le coma, voire la mort. L'alimentation du sportif conseille, d'ailleurs, une période d'attente de 3 heures avant la pratique d'une activité physique ou sportive. Ceci est contraire au Ramadhan. La pratique d'une activité physique ou d'un sport est incompatible avec l'absence de compensation de la déshydratation et peut donc conduire à réfléchir sur Ramadhan ou sport ? En effet, certains pays envisagent d'émettre une Fatwa pour que les athlètes puissent reporter le mois de jeûne après la compétition, comme les Emirats, par exemple, ou l'Egypte. En Egypte, le comité des oulémas a pris les choses en mains par le biais du mufti officiel de la république qui s'est prononcé sur ce sujet. Il a, d'ores et déjà, autorisé les sportifs égyptiens qui seront présents à Londres à ne pas observer le jeûne, puisqu'ils seront en voyage. «Quiconque sera malade ou en voyage, devra jeûner pendant le même nombre d'autres jours. Allah désire la facilité pour vous…» (Sourate Al Baqara) A. B.