La conférence extraordinaire de l'Opep, programmée à Oran, se tiendra à la date initialement prévue, c'est-à-dire le 17 décembre prochain, quel que soit le contexte. C'est une déclaration de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, et, par ailleurs, président en exercice de l'Opep. Deux questions fondamentales se posent, cependant : la réunion d'Algérie va-t-elle décider d'une diminution des quotas de l'organisation pétrolière ? Et, les dirigeants de l'Opep vont-ils convoquer une conférence extraordinaire avant celle du 17 décembre ? Nombre de ministres des pays Opep penchent plutôt pour la rencontre du 17 décembre, avec un principe de base, celui de réduire l'offre pétrolière de l'Opep. Le ministre iranien, Mohammad Ali Khatibi, est de ceux-là. Il juge que l'organisation sera appelée à réduire encore sa production si la récente réduction, celle décidée le 24 octobre dernier, ne suffit pas à stabiliser les cours du brut. Soyez assuré que, si cette décision de réduction n'est pas efficace sur le marché, l'Opep fera un nouveau pas lors de sa prochaine réunion pour consolider le marché et stabiliser les prix, a-t-il dit. De nombreux analystes ont mis en doute l'efficacité de la mesure prise par l'Opep, compte tenu de la gravité de la crise financière mondiale qui réduit fortement les perspectives de croissance économique et donc de consommation de pétrole. Le Venezuela, tout comme la Libye sont également favorables à une baisse des quotas Opep, si les cours de l'or noir continuent à chuter. Dans une déclaration récente, le ministre de l'Energie et du Pétrole du Venezuela, Rafael Ramirez, a estimé qu'il faudra réduire «au minimum d'un million de barils» l'offre de brut de l'organisation, «en décembre ou avant décembre» si la situation l'exige. Cette tendance à la baisse qui est en train de se dessiner n'agrée cependant pas à certains pays consommateurs qui se sont mis à exercer des pressions sur l'organisation à l'occasion de la conférence extraordinaire d'octobre dernier. Ces mêmes pays demandaient à l'Opep d'augmenter ses quotas, il y a quelques mois, quand les cours de brut grimpaient à 147 dollars. A cette période, nombre de pays Opep produisaient au maximum de leur capacité. Et ils ne pouvaient, pour certains d'entre eux, extraire davantage de pétrole. Les marchés avaient alors vécu une physionomie inattendue. Contrairement aux chocs pétroliers de 1973-1974 et de 1979-1980, la hausse des prix, complètement inattendue, et les préoccupations concernant la sécurité n'étaient pas le résultat d'un embargo, d'une baisse des exportations ou de l'utilisation de l'or noir comme arme par tel ou tel pays producteur, estime Nicolas Sarkis dans une analyse fort intéressante. Cette hausse, selon lui, trouve son origine dans deux séries de facteurs. Les premiers sont de nature géopolitique, notamment les attentats et l'instabilité politique au Proche-Orient, les tensions autour du programme nucléaire iranien, les conflits au Nigeria, etc. Les autres sont encore plus inquiétants parce que plus durables, dans la mesure où ils touchent à l'équilibre entre l'offre et la demande. Y. S.