L'impact de la crise financière sur l'Algérie ne cesse d'engendrer des inquiétudes de toutes parts, notamment avec la chute du prix du baril de pétrole en dessous des 60 dollars, et l'entrée des économies des pays industrialisés dans la récession, ce qui va affecter la demande mondiale de l'or noir. A cet effet, une question pertinente se pose actuellement : est-ce que l'Algérie parviendra à garantir le financement de tous les projets lancés dans le cadre du programme quinquennale 2005-2009 ? D'autre part avec un marché pétrolier volatile quel est le prix plancher pour le baril pour que l'Algérie puisse garantir les financements d'un autre programme quinquennal 2009-2014 ? La dépendance excessive de l'Algérie aux hydrocarbures commence à se répercuter sur le financement des projets publics. En effet, le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a affirmé hier lors du forum El Moudjahid que l'Algérie a toujours fonctionnée avec un baril à 50 dollars. Pour le ministre, l'Algérie peut résister à la crise financière qui est en train de contaminer l'économie réelle pour deux ou trois ans. Mais si la crise persiste au-delà, l'Algérie doit penser à d'autres financements pour achever les projets lancés. La solution pour Chakib Khelil est de recourir aux financements extérieurs et à la réduction des dépenses publiques. Il faut dire que dans les deux années à venir, les prix du pétrole devraient rester volatiles. A court terme, une aggravation de la crise financière actuelle minerait probablement l'activité économique et par conséquent la demande, ce qui pousserait la tendance à la baisse des prix, selon l'Agence internationale de l'énergie. Mais si ces déséquilibres temporaires pourraient faire baisser le prix du pétrole, il est de plus en plus clair que l'ère du pétrole bon marché est révolue. A partir de 2015, l'augmentation des coûts de production devrait à l'inverse pousser les prix à la hausse. Même si la tendance actuelle est à la baisse des prix du pétrole et donc à la baisse des recettes de l'Algérie, il ne faut pas perdre de vue que cette tendance touche l'ensemble des matières premières et par ricochet les produits de base agricoles. Cette situation va sans doute favoriser une baisse de la facture alimentaire à l'import. Néanmoins, le non achèvement des grands projets lancés dans le cadre du programme quinquennal 2005-2009, dont le coût est évalué à 200 milliards de dollars, risque de dégénérer en une crise que les autorités publiques n'ont pas pris au sérieux. Vers une nouvelles réduction des quotas Opep ? Par ailleurs, et s'agissant d'une éventuelle réunion de l'Opep avant cette du 17 décembre à Oran, le ministre algérien et président en exercice du cartel pétrolier a déclaré que l'évaluation de l'impact de la dernière réduction du 24 octobre se fera en fonction de l'application de la réduction décidée par les 11 pays membres de l'organisation. Le ministre a relevé, dans ce sillage, que si la réduction est respectée la probabilité d'une autre réduction sera éloignée. Pour Chakib Khelil, il faut attendre la fin du mois de novembre pour évaluer la situation du marché. Quant à la réunion extraordinaire de l'Opep, prévue le 17 décembre à Oran, celle-ci aura pour ordre du jour l'évaluation de la situation du marché pétrolier et étudiera ses perspectives pour le premier semestre 2009. "La conférence extraordinaire de l'Opep à Oran réévaluera la situation du marché pétrolier, après la réunion de Vienne du 24 octobre dernier, et étudiera les perspectives du marché pour la première moitié de 2009" a annoncé Chakib Khelil. Il faut savoir que le marché pétrolier se caractérise actuellement par une tendance baissière pour 2008 et 2009, accompagnée par la consolidation de la valeur du dollar. Aussi, la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole est à un niveau jugé élevé et les stocks commerciaux sont d'un niveau acceptable. Pour Chakib Khelil, les pays industrialisés sont entrés en phase de récession en raison de la crise financière qui les affaiblit et qui devrait se poursuivre en 2009, entraînant, une forte contraction de la demande pétrolière. "Le repli des cours du brut est le résultat de cette situation", a-t-il ajouté, considérant que l'Opep devait ajuster sa production. La stratégie de l'Opep a toujours été d'appeler et d'œuvrer pour un prix équitable du pétrole pour les pays producteurs et les pays consommateurs. Une forte activité des spéculateurs a marqué le marché pétrolier quand le baril a atteint 147 dollars en juillet, pour descendre jusqu'à 59 dollars début novembre. L'Opep investira 160 milliards de dollars dans le pétrole en 4 ans Pour l'année 2008, et jusqu'à aujourd'hui, le prix moyen du baril algérien a été de 108,28 dollars contre 71,13 à la même période en 2007. Outre cela et dans le même sens, la réunion d'Oran étudiera les perspectives du marché pour le 1er semestre 2009 à la lumière des mesures prises par les Etas-Unis pour contrer la crise. Sur ce point, le ministre s'est montré très optimiste quant à l'élection du candidat démocrate Barak Obama à la Maison-Blanche. Il n'écarte pas, non plus, une nouvelle baisse de l'offre du cartel si les prix du baril restent en-dessous de 70 dollars d'ici la prochaine réunion de l'Opep à Oran le 17 décembre prochain. "Nous avons toujours dit que notre objectif c'est un baril entre 70 et 80 dollars. Si le baril n'atteint pas ce niveau, il y aura probablement une autre réduction. Mais il faut un consensus entre les onze membres de l'Opep", a-t-il déclaré. Concernant la question des investissements, le ministre a affirmé que les pays de l'Opep vont investir 160 milliards de dollars, sur les 4 ans qui viennent, plus 60 milliards dans le raffinage pour augmenter leurs capacités de production. Mais certains de ces investissements vont probablement être retardés à cause du manque de financement et du manque de visibilité sur les prix, éléments qui affectent l'environnement de l'investissement. Par ailleurs, une réunion des ministres de l'Energie des pays arabes exportateurs du pétrole (OPAEP), se tiendra le 29 novembre au Caire. Une rencontre est prévue en marge de cette réunion entre les pays arabes membres de l'Opep comme l'Algérie, le Koweït, la Libye, le Qatar, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Irak pour discuter de la situation du marché pétrolier international. Litiges sur le gaz : les verdicts pour bientôt Interrogé sur les conflits opposant l'Algérie à l'Espagne concernant les prix du gaz et le projets Gassi Touil, le ministre a affirmé que l'arbitrage est toujours en cours. Pour ce qui est du litige à propos des prix du gaz vendu à l'Espagne, M. Khelil indiquera que le verdict sera connu l'été prochain. Pour ce qui est du dossier Gassi Touil, l'action devra probablement aboutir au début de l'année 2009.