«Nous souhaiterions un appui concret qui se réalise sur le terrain, nous avons toujours voulu que la Russie rejoigne l'Opep...», a déclaré hier à Oran, le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Le prix du baril de «Light Sweet Crude» est repassé au-dessus des 50 dollars, conforté par les déclarations des principaux responsables de l'Organisation. La conférence des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui se tiendra demain à Oran, va sûrement être extraordinaire. Chakib Khelil presse la Russie de rejoindre le cartel. Et Moscou ne semble pas vouloir rester de marbre devant cette main tendue par l'Opep. Les deux parties ont l'air d'avoir opté pour un mariage de raison qui devrait mettre fin à la sévère dégringolade des prix du pétrole. En s'offrant la Russie, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole contrôlerait plus de 50% de la production mondiale d'or noir. «La Russie donnera une importance particulière à l'Opep si elle la rejoignait, ça augmenterait la puissance de l'Opep en termes de contrôle de la production qui serait aux environs de 50% au lieu de la production globale», a tenu à préciser à la presse Chakib Khelil. La Russie dont la participation à la conférence extraordinaire de l'Opep qui aura lieu le 17 décembre (demain) à Oran est acquise, dépêchera une délégation de grande envergure. Y prendront part le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, et le ministre de l'Energie, Serguei Chmatko. «C'est une délégation qui va être très forte, avec une vingtaine de personnes. Nous espérons que leur décision sera à la mesure de la représentativité de leur délégation», a souhaité le président de l'Opep en exercice. Chakib Khelil y émettrait-il quelque doute quant à une hésitation des Russes pour rejoindre le cartel? «J'espère que le vice-Premier ministre russe ne se déplacera pas pour des pacotilles...», a rétorqué le ministre algérien de l'Energie et des Mines. La Russie qui avait déjà annoncé, à la veille de la réunion du Caire, qui s'est tenue le 29 novembre dernier, qu'elle était prête à coordonner avec l'Opep, ne se déplacera sans doute pas en Algérie pour des prunes. Il y aura, sans aucun doute, un coup d'éclat, un événement historique qui secouera, sans conteste, les marchés pétroliers. L'impact psychologique semble avoir déjà agi puisque le prix du baril de pétrole est reparti à la hausse, hier, dès les débuts d'échanges électroniques. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait à 48,76 dollars accusant un gain de 2,35 dollars, alors que le «Light Sweet Crude» cotait, vers 10h45 GMT, 48,72 dollars, une hausse de 2,44 dollars. Le baril de pétrole semble avoir été sensible aux déclarations tenues par le secrétaire général de l'Opep hier, lors de son arrivée à Oran. M.Abdallah Al Badri a souligné que les stocks étaient «très élevés». «Plus de 100 millions de barils qu'il convient de retirer du marché», a fait savoir M.Al Badri qui a ajouté: «La situation est très difficile, nous devons agir.» Le marché pétrolier doit être amputé, selon toute vraisemblance, d'un volume de la production de l'Opep. «Une réduction d'envergure» a révélé le secrétaire général de l'Organisation qui, à son tour, a appelé les pays producteurs hors Opep à plus de solidarité: «Nous espérons que les pays non membres de l'Opep vont apporter leur aide», a souligné M.Al Badri. L'Opep s'attend à ce que la Russie baisse sa production de 200 à 300.000 barils par jour. Par ailleurs, l'expert pétrolier Nicolas Sarkis plaide pour un prix plancher compris entre 90 et 100 dollars. «Il est dans l'intérêt de tous (consommateurs et producteurs) que les prix du pétrole remontent à 90-100 dollars au moins pour assurer les investissements requis et développer les capacités de production», a estimé le directeur d'Arab Petroleum Research Center (Aprc) dans un entretien accordé à l'APS. Une situation de choix qui ferait l'affaire des pays membres de l'Opep.