Le volume des déchets ménagers grossit chaque jour un peu plus au niveau des niches à ordures des immeubles, des rues et autres places publiques de la ville de Tizi Ouzou, faisant courir un danger réel à la santé publique, sans qu'une solution ne se profile à l'horizon, a-t-on constaté.Partout, à travers la ville, s'offrent à la vue un décor repoussant, constitué de monticules de cartons, de sachets noirs et autres emballages de fortune qui, éventrés par des chiens à la recherche de pitance, laissent montrer divers détritus que d'aucuns, par dérision, qualifient de «trésors» des ménages échouant en ces lieux pour devenir des sources d'agression et de pollution de l'environnement.L'échantillon de ces paysages repoussant est fourni par les dépotoirs des cités «2 000» et «600» logements, où des tas d'immondices entassés sur les trottoirs, en empiétant, le plus souvent sur la voie publique, d'où dégoulinent un «jus» noir et d'où se dégagent des odeurs pestilentielles, obligeant les passants à se boucher le nez, alors que les locataires d'appartements situés près des niches à ordures, tellement incommodés par les odeurs qui en émanent, n'ont pas trouvé mieux que de condamner les fenêtres et balcons donnant sur ces lieux, devenus des refuges de rongeurs, de moustiques et autres agents vecteurs de maladies diverses. Ce problème d'insalubrité publique constitue la préoccupation numéro un des citoyens et revient dans toutes les discussions axées sur les dispositions à prendre pour conjurer les risques d'une telle situation préjudiciable à plus d'un titre, surtout si rien n'est fait d'ici la rentrée scolaire, prévue pour le 9 septembre prochain, préviennent des habitants de la nouvelle Ville.Ces derniers qui espéraient la manifestation, à la faveur de l'Aïd rimant avec la propreté, d'un sursaut d'orgueil de la part des services concernés pour donner un grand coup de balai à la ville ont vite déchanté en s'apercevant que la situation n'a fait qu'empirer davantage durant les jours de cette fête.Constatant une énième fois le défaut d' enlèvement des ordures par les services de la voirie de l'APC de Tizi-Ouzou, des résidants des différents quartiers populaires de la ville des «Genêts» n'ont pas hésité, en guise de solution, à mettre le feu à ces montagnes d'ordures, faisant fi des risques d'incendie et sans se soucier du désagrément causé par la combustion fétide de déchets hétéroclites. Lors de ces «autodafés», il a été donné de constater que même des bacs à ordures, mis à la disposition des citoyens par la municipalité, ont été brûlés, mais involontairement, car ils étaient ensevelis sous ces immenses fouillis d'ordures.Du coup, les locataires d'immeubles ne possédant pas de niches à ordures et privés ainsi de ces réceptacles, ont été contraints de déverser leurs ordures ménagères sur les trottoirs et dans les rues, obligeant ainsi les piétons et les automobilistes à slalomer entre les ordures pour se frayer un chemin, comme il a été constaté, à titre indicatif, au niveau du quartier de «2 000 logements» de la nouvelle Ville.Le problème d'enlèvement des ordures ménagères au niveau de la ville de Tizi Ouzou ne date pas d'aujourd'hui mais remonte à décembre 2011, date de l'expiration du contrat de l'Entreprise «Karoum» qui était en charge de la gestion des déchets ménagers de la nouvelle Ville. La situation s'est exacerbée davantage suite au rejet, en mars dernier, du marché passé par l'APC de Tizi-Ouzou avec une entreprise étrangère pour un montant de 570 millions de DA, pour défaut conformité avec une clause du code des marchés publics stipulant que les marchés dépassant un certain seuil sont du ressort de la commission nationale des marchés publics, a expliqué une source à la Direction de wilaya de l'environnement. Selon ce responsable, cette situation risque de perdurer davantage, au regard du temps nécessaire pour le réengagement d'une procédure de marché en bonne et due forme, d'où, a-t-il suggéré, la nécessité de répartir ce marché entre les quartiers de la ville (lots) à confier à des micro entreprises de jeunes disposant d'un camion à benne tasseuse, d'autant plus, a-t-il argumenté, que les moyens actuels dont dispose la voirie de la municipalité sont disproportionnés par rapport à son plan de charge, et ne permettent pas d'assurer des rotations régulières pour l'enlèvement des ordures. Pour leur part, des citoyens qui n'ont jamais manqué de répondre favorablement aux appels au volontariat lancés par les pouvoirs publics pour le nettoyage de la ville, ont tenu à souligner que le volontariat n'est qu'une solution d'appoint et ne saurait dispenser l'APC d'une prise en charge radicale et définitive de ce problème récurrent qui ne cesse d'empoisonner la vie des habitants de Tizi-Ouzou. «A force d'abuser du volontariat pour redorer le blason de la ville, cette noble expression de la solidarité ancestrale risque d'être pervertie et vidée de sa substance», avertissent Kamel et Aziz de la cité «La Carrière» de la nouvelle Ville.