Lors de son message de vœux adressé aux Algériens à l'occasion du 54e anniversaire du déclenchement de la révolution, le président de la République a donné quelques orientations politiques générales sur les secteurs économique et social. Entre autres tendances, M. Bouteflika a abordé dans son allocution, à deux reprises, la notion de «valeur ajoutée du travail». «Notre souci majeur est de substituer à la manne pétrolière la valeur ajoutée du travail sur les plans matériel, intellectuel et technologique», affirmera-t-il. Plus loin, il dira : «J'exhorte les jeunes à adhérer à cette démarche, à miser sur le travail productif et favoriser l'activité intellectuelle afin d'exploiter à bon escient les richesse et les ressources du pays.» Pourquoi le Chef de l'Etat a-t-il insisté sur cette notion ? Les dictionnaires définissent «la valeur ajoutée» comme étant une mesure de la valeur créée par un acteur économique, dans ce cadre : l'employé. En Algérie, depuis quelques années, le taux de croissance annuelle de la population occupée est plus important que celui de la population active (3,9% pour la première et 3,5% pour la seconde durant la période 1990-2006) et le chômage recule d'une manière significative (29,5% en 2000 contre 13,8 en 2007). Grâce aux différents dispositifs de soutien créés par l'Etat, le rythme de création de l'emploi représente une moyenne de 6,6% par an depuis l'an 2 000. Ainsi, ce sont près de deux millions d'emplois qui ont été créés depuis. Y a-t-il une corrélation entre la création d'emploi et la valeur ajoutée ? Selon une étude réalisée par le Cnes (Conseil national économique et social), la productivité du travail, comme valeur ajoutée à l'emploi, a évolué à la hausse avec un rythme moyen de 1,5%, tous secteurs confondus, durant la période 1997-2001, et une baisse moyenne par an de 2,4% de 2001 à 2005 (période à partir de laquelle la création d'emploi a été importante). Quant à la valeur ajoutée réelle des secteurs économiques à l'emploi structuré, la productivité du travail a évolué à un rythme lent selon une moyenne annuelle de 0,3% durant la période 1997/2006. Cet état de fait est expliqué dans le rapport du Cnes par la coexistence de pertes de productivité dans des secteurs tels que l'agriculture et du BTP et par le gain de productivité dans l'industrie et les services d'un côté et par le «comportement du différentiel entre les variations des valeurs ajoutées et celles de l'emploi structuré des secteurs». Donc, même si la valeur ajoutée augmente, elle ne semble pas profiter du boom que représente la courbe de création de l'emploi. En ce sens qu'il ne suffit pas seulement de recruter, mais que il faut que ce recrutement se fasse de manière intelligente, en ciblant le secteur d'activité porteur, et que la recrue apporte une plus-value à l'entreprise qui recrute. Or, d'après l'enquête sur l'emploi auprès des ménages, au dernier trimestre 2007, par secteur d'activité, celui du commerce et des administrations publiques accueille 56,7% de la population occupée, contre 17,7% au BTP, 13,6 % à l'agriculture et 12% à l'industrie. Selon la même source, la population active représenterait 9 969 000 personnes, pour une population occupée de 8 594 000 personnes. Concernant cette dernière, la plus forte proportion est enregistrée par les salariés 33,8%, l'emploi non permanent, donc instable (apprentis, salariés non permanents, aides familiaux) représente 36,9% et les employeurs et indépendants 29,3%. Dans son avant-dernier rapport sur le développement humain en Algérie (2006) le Cnes constatait que 90% des emplois créés étaient des emplois d'attente, donc précaires, avec peu de chances d'être permanisés. Cela, à l'image de contrat de pré emploi qui permet aux diplômés des universités, entre autres, de profiter d'une première expérience professionnelle. Des centaines de milliers d'universitaires ont adhéré à cette démarche, mais rares sont ceux qui ont réussi à bénéficier d'un poste permanent, le contrat pré-emploi ne dure que deux années. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M Tayeb Louh, lors d'une journée sur l'emploi organisée en mai dernier, mise dans le cadre de la nouvelle stratégie globale de lutte contre le chômage et la promotion de l'emploi, sur un taux de chômage à moins de 10% à l'horizon 2009-2010, et la création de 400 000 emplois par an. Comment ? Dans quels secteurs ? «…En puisant dans des alternatives à rechercher dans l'agriculture et les industries diverses, notamment les industries de transformation, et en accordant davantage d'intérêts pour les services et les sources d'énergie autres que les hydrocarbures», avait déclaré M. Bouteflika dans son message à l'occasion de la commémoration du 1er Novembre 1954, désignant ainsi les secteurs à forte valeur ajoutée. S. A.