Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi À fin mars 2011, le ministère du Commerce avait recensé quelque 765 sites de commerce informel à travers le pays, dans lesquels activent plus de 75 000 commerçants occasionnels. Depuis, ces statistiques ont explosé, selon des experts du ministère interrogés par l'APS. Et ce n'est pas le commun des mortels qui dira le contraire. À Titre d'exemple : la wilaya d'Alger qui comptait 160 marchés informels a vu ce nombre passer à 200 durant le dernier Ramadhan. Dans toutes les autres grandes villes du pays c'est le même état des lieux. Le milieu urbain est devenu l'espace préviligié de vendeurs occasionnels. Tout espace «vacant» est envahi. Les trottoirs ont littéralement perdu leur vocation : celle qui permet aux piétons de longer la chaussée sans danger. En lieu et place on trouve tous genres de produits, surtout d'importation, qui jonchent le sol, comme aussi les fruits et légumes. Mêmes les portes d'immeubles et grilles de magasins, fermés pour cause de rude concurrence, ne sont pas épargnées. On y accroche des habits à l'aide de fil de fer et fil synthétique. Ils se comptent par centaines ces propriétaires de magasins qui ont fini par mettre la clé sous le paillasson et devenir eux-mêmes des vendeurs sur le perron de leur magasin. Et de justifier ce changement par le fait qu'ils ne pouvaient plus continuer à travailler devant la concurrence sauvage qui vient les narguer devant leurs échoppes. Autre agression urbaine due au commerce informelle celle de l'insalubrité. Le soir venu, les vendeurs de rues, ruelles et espaces squattés décampent en laissant derrières eux des volumes considérables de détritus. Mais c'est surtout les vendeurs de fruits et légumes qui en font le plus en matière de déchets, d'autant qu'ils font fi des règles d'hygiène et cela au détriment de la santé des citoyens des immeubles mitoyens. Autre conséquence de cette situation : des rues entières inaccessibles aux automobilistes de passage et riverains car bloquées par des niches de vendeurs de rues sans cesse croissant. Les trottoirs ne suffisant plus, c'est au tour de la chaussée d'être investie par le commerce illicite. En somme c'est l'anarchie qui règne dans les quartiers où le commerce informel a pris de l'ampleur au point où une question s'impose : cette anarchie va-t-elle disparaître ou du moins diminuer ses effets néfastes sur l'environnement et de même sur l'économie du pays ? Comment y arriver ? Selon Nacer-Eddine Hammouda, chercheur au Cread (Centre de recherche en économie appliquée et au développement), repris par l'APS, «le phénomène de l'informel est le résultat d'un dysfonctionnement économique en Algérie où le secteur formel ne crée pas assez d'emplois». Donc pour ce dernier, la lutte contre l'informel passe par une multiplication de postes d'emploi. De son côté l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) avance que des solutions existent pour lutter efficacement contre l'informel. Elle propose d'intégrer le petit commerce informel dans le circuit officiel et sa prise en charge. Une option que soutient le ministère du Commerce et dans cette perspective il propose un allégement des procédures administratives pour l'obtention d'un registre du commerce, et l'autorisation des jeunes commerçants informels à occuper des espaces aménagés avant même l'obtention du registre de commerce. Ces jeunes pourront bénéficier d'exonérations fiscales temporaires dans le but de les encourager à intégrer sereinement le marché formel. Une initiative qui selon le ministre du Commerce bute devant les lenteurs de la réalisation d'espaces réservés aux jeunes qui désirent intégrer le circuit formel. «Nous disposons de 1 500 marchés pour accueillir ces jeunes et ils nous en faut encore le même nombre si l'on veut drainer un maximum de gens versés dans l'informel», a déclaré le ministre lors d'une interview qu'il a accordé tout dernièrement à un confrère. Or il y a lieu de rappeler que de nombreux marchés de proximités ont été créés, que les bénéficiaires n'ont pas jugé utiles d'occuper pour une raison évidente : tout près de ces marchés le commerce informel est toujours présent.