Au marché de Aïn Naâdja, spécialisé dans la vente de fruits et légumes, de viandes, d'alimentation générale, de vaisselle et d'habillement, le commerce informel est établi en maître depuis une décennie. Le désordre et l'anarchie règnent sur les lieux, prenant au fil du temps des proportions inquiétantes. En effet, et à l'emplacement d'un ancien parking, des dizaines de marchands illicites provenant de la localité, des alentours et même de différentes wilayas occupent en force la périphérie, s'étendant sur plusieurs centaines de mètres, à l'affût du moindre espace vacant : ni les deux entrées principales du marché, ni les chaussées, ni les trottoirs et encore moins les devantures des magasins ne sont épargnés. Même les façades extérieures des écoles primaires El Amar et Djebbar Messaoud ont été transformées en pendoirs où sont accrochées toutes sortes de vêtements. La délocalisation de la station de transport urbain non loin de là leur a permis sans conteste de gagner encore plus de terrain en l'investissant. Ainsi, tous les jours de 8h à 17h, toutes catégories de produits sont exposées aux clients à des prix raisonnables : meubles, matelas, couvertures, oreillers, effets vestimentaires, aliments, cosmétiques, poisson, pour ne citer que ceux-là. Certains ont même réservé des surfaces en les clôturant à l'aide de caisses de marchandises pour vendre des dindons vivants. Des œufs du jour sont aussi disponibles sur place, nous indique une plaque apposée à proximité. A côté, des marchands de fruits et légumes ont construit des baraques improvisées en bois et sachets en plastique. Cela dure depuis 1995 « A l'époque où le terrorisme et l'anarchie des DEC étaient florissants, ces petits patrons ont commencé à avoir pignon sur rue, d'abord timidement, puis en grand nombre. Ils ont pris d'assaut le voisinage sans que l'on puisse y remédier », nous dit un des représentants des commerçants travaillant en toute légalité, rencontré sur place. Et de continuer : « Ils sont arrivés au point d'exposer leur camelote devant nos locaux pénalisant ainsi notre activité. Les consommateurs ne se donnent même plus la peine de pénétrer dans nos magasins, ils ont tout à portée de la main et à des coûts accessibles à toutes les bourses. » De même il nous a été rapporté que quelques-uns parmi eux ont mis la clé sous le paillasson. La concurrence déloyable relative aux prix appliqués par leurs rivaux et la clientèle de plus en plus rare ont fini par avoir raison d'eux. A cela s'ajoutent des scènes de vol, d'agressions et la prolifération dans les parages de petits délinquants de tout gabarit. La gent féminine n'ose même plus s'y aventurer. En fin de journée, des tas d'immondices sont laissés sur le sol au grand bonheur des clochards, chiens errants et autres bestioles. « Les camions de netcom ne pouvant pas y accéder, cette situation dure souvent plusieurs jours. Nous sommes alors obligés de charger quelques jeunes de ramasser ces ordures moyennant une somme d'argent alors que cette tâche ne nous incombe pas », s'insurge un vendeur. D'ailleurs, et selon les faits relatés par nos vis-à-vis, ils n'en sont pas à leurs premiers déboires et n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour tirer à boulets rouges sur leurs élus les rendant responsables de leurs malheurs. « Depuis des années, l'APC ne joue plus son rôle que ce soit en matière de gestion, d'hygiène, de sécurité ou de commodités. Ce marché composé d'environ 90 locaux commerciaux et 16 étals qui a ouvert en 1993 a démarré sur des chapeaux de roue puis tout a fini en déclin », explique un vendeur de volaille. Il poursuit : « Depuis 2000, nous n'avons plus d'eau potable, chose qui pénalise énormément les commerçants, surtout les boucheries nécessitant une hygiène irréprochable. L'APC n'a pas payé ses redevances à ce jour. » Il est aussi question des loyers versés à l'Assemblée communale populaire de l'ordre de 1400 à 1600 DA, qu'ils jugent excessifs et dont ils ne peuvent plus s'acquitter pour la plupart. Idem pour le paiement des impôts gelé depuis 1998 pour un bon nombre de marchands. « Nous sommes lésés dans nos droits et livrés à notre sort, les indus occupants nous arrachent littéralement le pain de la bouche, sans que cela puisse inquiéter outre mesure nos responsables », concluent-ils. Le phénomène de l'informel n'a pas épargné le site des logements CNEP ainsi que la cité des 720, qui connaissent la même situation. Nous sommes entrés en contact avec l'APC de Gué de Constantine pour savoir si une solution était préconisée pour intégrer ces vendeurs dans le circuit officiel. Nous n'avons pu joindre le P/APC, néanmoins le secrétaire général nous a indiqué vaguement qu'un marché de proximité serait prévu aux 720 Logements sans nous donner plus de précisions.