L'Union pour la Méditerranée (UPM), initiative du président français Nicolas Sarkozy inaugurée en juillet dernier à Paris, vient de surmonter les différents obstacles, notamment administratifs et diplomatiques, qu'elle rencontrait depuis sa création. Après deux journées de pourparlers à Marseille, les ministres des Affaires étrangères de la zone sont arrivés, hier, à un consensus et ont notamment décidé de faire siéger la nouvelle alliance Nord-Sud dans la ville espagnole de Barcelone. Ils ont également résolu un différend entre Israël et la Ligue arabe. Selon une diplomate marocaine, les chefs de la diplomatie de l'Union européenne et du pourtour de la Méditerranée sont tombés assez rapidement d'accord sur le siège à Barcelone, mais ont eu davantage de mal sur le statut de la Ligue arabe. «Tous les pays arabes ont dit qu'il fallait une participation pleine et entière de la Ligue arabe.» Ce qui a obligé la rive nord à reconsidérer sa position et à accepter le compris qui fait de la Ligue arabe un membre à part entière de l'UPM, Israël héritant en contrepartie d'un secrétariat général adjoint. Selon une source diplomatique israélienne, «il y a un accord pour que le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée ait cinq adjoints : trois européens et deux du Sud, dont Israël». En contrepartie, Israël accepte que la Ligue arabe participe à l'UPM en tant que membre à part entière. «C'est un compromis», a-t-on ajouté de même source. Rappelons que le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, avait présenté au début d'octobre dernier la candidature de Barcelone pour abriter l'UPM, où avait été lancé en 1995 le processus du même nom qui a inauguré le rapprochement des deux rives de la Méditerranée. Tunis avait présenté la même candidature avant d'y renoncer vendredi dernier. Ce renoncement semble faire partie du compromis entre les deux rives : la rive sud a accepté que le siège de l'UPM soit dans un pays du Nord et en échange que le secrétariat général revienne à un pays du Sud, selon d'autres sources diplomatiques. Selon une diplomate marocaine, les Espagnols auraient insisté sur l'importance d'avoir le siège à Barcelone pour «garder un maillon» entre le processus de Barcelone et l'Union pour la Méditerranée. Il faut dire que le résultat de la réunion de Marseille peut être considéré comme positif, après de longs mois de blocage. Mais, la partie est loin d'être gagnée. L'UPM risque de retomber dans les mêmes pièges qui ont sabordé le processus de Barcelone, que ce soit sur le plan économique ou politique. Le déséquilibre d'intégration important qui existe entre les deux rives sur le plan des échanges économiques mènera incontestablement les pays du Sud à devenir un espace d'écoulement des produits européens. Autrement dit, il va s'agir d'un partenariat entre des Etats européens, nord-africains et proche-orientaux très inégaux par le degré de développement. Sur le plan politique, les mêmes difficultés liées au conflit israélo-palestinien vont resurgir. Israël cherchera toujours à faire pression sur les pays arabes pour la reconnaissance de son Etat. A rappeler enfin que quatre projets ont déjà démarré dans le cadre de l'UPM. Il s'agit notamment des travaux de dépollution de la Méditerranée et d'un programme de protection civile visant à lutter contre les catastrophes naturelles. H. Y.