De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Le patrimoine culturel représente l'identité des peuples et des pays. Sa préservation est plus qu'importante pour la société, qui doit garder ses attaches civilisationnelles et ses repères identitaires. C'est la raison pour laquelle les colonisateurs se sont attaqués à l'ensemble des composantes de la culture du pays occupé. Ils s'en sont pris à sa population, à ses richesses, mais aussi à son histoire, son identité, sa culture. Ils ont entrepris de tout effacer pour réécrire la page d'histoire qui justifierait leurs actes de spoliation, de violence et de déculturation. Dans notre pays, l'armée française a fait de même. Et même pire. Car elle a entrepris de détruire, en procédant par une sélection qui consistait à n'épargner que les vestiges romains. Ceux appartenant aux berbères, aux musulmans et aux Ottomans, qui reflètent l'histoire de l'Algérie avant l'occupation française, ont été, quant à eux, systématiquement détruits ou, au mieux, abandonnés à l'action de la nature. Dans la wilaya de Aïn Defla, l'occupant français a agi de la même manière que dans les autres régions d'Algérie ou dans les pays qu'il a colonisés. A Miliana, après la prise de la ville par les Français, en 1840, la mosquée El Bat'ha, construite au début de la période ottomane, fut détruite en 1844. Son minaret sera transformé en horloge et la place où elle trônait sera baptisée place de l'église, puis, plus tard, place Carnot, ensuite place Emir Abdelkader après l'indépendance. Dans cette même ville, la maison de l'Emir, qui servait, durant la période ottomane, de résidence au bey de Miliana, puis transformée en siège du califat de l'Emir, deviendra celui de la subdivision militaire commandant le 9e bataillon de tirailleurs et accueillera, le 8 mai 1865, Napoléon III, lors de sa visite en Algérie. De nombreux indices historiques ont donc disparu durant la période coloniale. Des objets précieux, d'une grande valeur historique, ont été volés puis acheminés outre-mer. Les manuscrits qui décrivent notre histoire à travers le temps, et qui mentionnent également des événements importants, ont fait l'objet de saisie, dans l'unique but d'effacer notre identité. En somme, la wilaya de Aïn Defla, à l'instar des autres wilayas du pays, a été victime de la dégradation et du vol de pans entiers de son patrimoine culturel et historique. Mais aucun chiffrage ni listing ne donnent le détail de ces pillages, pour la simple raison qu'aucun inventaire détaillé des biens patrimoniaux de la région n'a jamais été établi. Les recherches, qui devraient impliquer des spécialistes de différentes disciplines, sont toujours attendues, bien que l'on sache qu'elles seront ardues, car les manuscrits, d'une grande valeur pour les chercheurs, ont, eux aussi, disparu bien avant l'indépendance. Il s'agira donc de mener un travail pointu sur le terrain pour recueillir les indices et témoignages qui permettraient de reconstituer les faits et de recenser, ne serait-ce qu'une partie des biens patrimoniaux disparus, avant de penser à réclamer leur restitution.