L'Afrique a exulté hier. Le continent noir a fêté dans une ambiance de liesse la victoire écrasante de Barack Obama, premier Afro-Américain à entrer à la Maison-Blanche. L'élection d'Obama a suscité une vague d'espoir en Afrique et des réactions de fierté de ses nombreux partisans, entre dirigeants et personnalités, qui sont restés éveillés la nuit de mardi à hier pour suivre ce scrutin. Un peu partout sur le continent noir, la «fièvre Obama» s'est emparée de ses partisans. Si, au Kenya, le village de Kogelo explose de joie, le Sénégal, le Congo, l'Afrique du Sud, le Bénin et bien d'autres ont salué la victoire du 44e président américain. A Kogelo, le village kényan de la grand-mère paternelle de Barack Obama, l'assistance qui avait suivi sur un écran géant pendant la nuit la soirée électorale américaine a accueilli avec des embrassades et des cris de liesse la victoire de «l'enfant du pays». «Le sénateur Obama est notre nouveau président. Dieu a répondu à nos prières», commentait un pasteur. «Cette victoire nous fait vraiment du bien», lançait dans l'assemblée Roselyne Ayaro en brandissant un portrait de Barack Obama. Le président kényan Mwai Kibaki a décrété jeudi 6 novembre journée fériée pour l'élection «historique» de Barack Obama afin de permettre aux Kényans de célébrer l'exploit historique du sénateur Obama, a annoncé la présidence kényane quelques minutes après l'annonce de la victoire. Au Liberia, à Monrovia, les habitants ont fêté l'élection de M. Obama aux cris de «Great Africa !» («l'Afrique est grande»). En Afrique du Sud, la victoire d'Obama apporte son lot de «rêves» au continent noir, comme exprimé par Nelson Mandela. «Votre victoire a démontré que personne dans le monde ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur», a écrit le premier président noir d'Afrique du Sud au premier président noir des Etats-Unis. Au chapitre des espérances, Mandela se dit «confiant» qu'Obama va «combattre partout le fléau de la pauvreté et de la maladie», et «faire des Etats-Unis d'Amérique un partenaire à part entière dans une communauté de nations». Le président sud-africain Kgalema Motlanthe a félicité hier Barack Obama pour son élection à la Maison-Blanche. Du Nigeria, Umaru Yar'adua, le président de la plus grande nation noire du monde, a déclaré que «cette élection a enfin brisé la plus haute barrière de préjugés de l'histoire de l'humanité. Pour nous, au Nigeria, nous devons tirer une leçon de cet événement historique qui ouvre une ère totalement nouvelle». Comme dans nombre d'autres pays d'Afrique, le succès de Barack Obama suscite des espoirs enthousiastes au Sénégal. Les supporters du sénateur américain ont vécu à leur manière le rêve américain au sein du comité de soutien à Barack Obama. La réaction officielle du Soudan, classé sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, a consisté en l'espoir exprimé que la victoire de M. Obama introduirait «un changement réel» dans les relations entre les deux pays. Le président tchadien Idriss Deby Itno, quant à lui, a adressé hier un message de félicitations au président américain élu, en espérant que sa victoire créera «une ère nouvelle de compréhension» dans le monde secoué «par de multiples crises». «Les Etats-Unis ont donné une leçon de maturité et une leçon de démocratie», insiste le président malien Amadou Toumani Touré. Le roi Mohammed VI du Maroc a félicité le nouveau président américain élu qui exprime les «aspirations» du peuple américain pour un avenir meilleur, dans un message diffusé mercredi à Rabat. Toutefois, certains, plus sceptiques, tel Alpha Oumar Konaré, ancien président de la commission de l'Union africaine, ont mis en garde contre l'excès d'euphorie. «Obama ne peut pas tout régler pour nous, nous avons aussi notre part de responsabilités. Son message était clair. Il est valable aussi bien pour les Etats-Unis que pour la jeunesse africaine.» A. R.