Le géant russe, Gazprom, a moins de difficultés que Sonatrach, sur le marché européen de l'énergie. La Russie et le Qatar, deux gros producteurs gaziers, y sont fortement présents. L'Algérie l'y est moins. La Russie a réussi à resserrer ses relations bilatérales avec l'UE. L'Algérie travaille depuis plus de huit ans à mettre au point un accord stratégique sur l'énergie avec les pays européens ; elle n'y a pas réussi pour l'instant. L'Europe est-elle sélective ? La diplomatie par l'énergie, la Russie en use intelligemment dans une Europe hermétique, protectionniste, mais vulnérable aujourd'hui du fait de l'endettement de certains pays européens. Cette diplomatie, des institutions-clés s'y mettent. Ainsi, la présidente du Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement russe), Valentina Matvienko a proposé récemment que la Russie et l'Union Européenne créent un système énergétique uni pour assainir l'économie européenne. C'est une formule de coopération intéressante pour les deux parties. L'UE en tire avantage en sécurisant ses approvisionnements en gaz russe ; la Russie en profite pour racheter des entreprises européennes en difficulté. Les responsables russes estiment que l'Europe peut assainir son économie en réalisant pleinement le potentiel de la coopération avec la Russie. «On peut commencer par une coopération plus étroite dans le secteur énergétique, notamment en créant un système énergétique européen uni», indiquait Mme Matvienko. Certains conseillers stratégiques de la Maison-Blanche, à Washington, ont dû s'étrangler en apprenant la nouvelle : Voir l'Europe partir aussi rapidement dans les bras de la nouvelle puissance russe alors que les Etats-Unis avaient tout fait pour encourager l'Europe de l'Ouest à intégrer les pays de l'Est. Des dirigeants européens examinent le rôle de la coopération parlementaire dans la lutte contre la crise économique en Europe. Mme Matvienko a, en outre, proposé aux parlementaires européens d'intensifier la coopération dans d'autres secteurs. Comme première contrepartie, la Russie verrait d'un bon œil l'abrogation du régime des visas pour les citoyens européens. La Russie et l'UE réalisent ensemble un projet de réforme des systèmes d'électricité. Elles ont déjà élaboré une étude de faisabilité sur l'interconnexion des systèmes de transmission de l'Union pour la coordination de la transmission de l'électricité (Ucte) et le système IPS/UPS (Integrated Power System/United Power System), aide Financière pour les pays en crise. La Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Angleterre, souffrent particulièrement de l'augmentation des prix du pétrole. Cette hausse qui n'est pas finie pèse lourdement sur la croissance de ces pays et tant que le pétrole sera aussi cher, il est pratiquement impossible de revoir ces pays sortir la tête hors de l'eau. La Belgique, la France et bien de pays de l'Est souffrent également d'un baril à plus de 120$. Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a récemment indiqué que la Russie pourrait accorder une aide financière directe aux pays européens les plus éprouvés par la crise économique, a rappelé Mme Matvienko. «La crise de la zone euro touche les intérêts de notre pays, parce que l'Union européenne est le partenaire économique important de la Russie, il représente 48% des échanges commerciaux russes», a conclu la présidente de la chambre haute, russe, citée par des médias européens. La Russie est le plus grand producteur de pétrole avec plus de dix millions de barils/jour. Elle représente 30% du gaz consommé en Europe et livre une bonne part de l'uranium consommé en Europe. La Russie a fortement investi dans le secteur de l'énergie ces dernières années. Elle dispose d'importantes compagnies dans le secteur pétrolier et gazier dont certaines d'entre elles sont convoitées par des sociétés étrangères. Le groupe pétrolier britannique BP, par exemple, a proposé d'acheter à l'Etat russe des actions dans le numéro un du pétrole russe, Rosneft, dans le cadre d'un nouvel accord entre les deux groupes a indiqué, il y a quelques jours, le P-dj de Rosneft qui a jugé cette offre «très intéressante». Il a été proposé d'acquérir des actions dans Rosneft, d'augmenter la part de BP dans la compagnie publique. «Cette proposition est très intéressante», a déclaré Igor Setchine, cité par les agences russes, en marge d'un forum économique à Sotchi (sud de la Russie). Cette proposition a été faite lors d'une rencontre entre le président russe, Vladimir Poutine, avec le P-dj de la major britannique, Robert Dudley, et le président de son conseil d'administration, Carl-Henric Svanberg, rencontre à laquelle assistait, aussi, Setchine. Cette réunion était consacrée au projet de Rosneft de racheter les 50% de BP dans sa coentreprise en Russie, TNK-BP qui est l'un des plus beaux actifs du britannique mais dont la gouvernance est devenue de plus en plus difficile en raison de relations conflictuelles entre actionnaires. Un tel accord permettrait au britannique de relancer sa coopération avec Rosneft en Russie, alors que les deux groupes ont vu en 2011 un projet d'alliance pour exploiter en commun une région de l'Arctique russe échouer, en raison de l'opposition des actionnaires russes de TNK-BP, le consortium Alfa Access-Renova (AAR). Ce dernier avait réussi à bloquer le projet par la justice, en arguant que BP avait violé le pacte d'actionnaire de leur coentreprise. Celui-ci prévoit que le britannique réalise tous ses projets en Russie et en Ukraine via TNK-BP. Selon des sources proches des négociations citées cette semaine par des médias, Rosneft est en négociations avec des banques pour obtenir 10 à 15 milliards de dollars afin de financer une partie de cette acquisition et envisagerait en plus de faire participer BP à son capital à hauteur de 12,53%, en faisant son deuxième plus gros actionnaire après l'Etat russe. Setchine a indiqué que Rosneft envisageait de faire cette acquisition via des instruments de marché. «Nous ne doutons pas du fait que si nous devions obtenir des ressources pour un rachat dans TNK-BP, nous pourrons financer la transaction uniquement par des instruments de marché, sans prêt ni injection de capital», a-t-il déclaré, sans autre détail. Y. S.