La menace israélienne contre l'Iran continue de tenir le haut du pavé médiatique et les responsables militaires iraniens ne s'embarrassent nullement de répondre et d'annoncer leur préparation à toute éventualité. Le général Amir Ali Hajizadeh commandant des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite d'Iran a récemment assuré qu'une attaque d'Israël sur l'Iran déclencherait «une troisième guerre mondiale», mettant en garde contre une possible agression visant son pays. La région du Proche-Orient est en effet explosive et une attaque contre les installations nucléaires iraniennes ouvrirait à n'en pas douter la boîte de pandore. Nouveauté : l'Iran n'exclut plus une attaque préventive dans le cas où la décision de s'en prendre à sa souveraineté est prise. Israël unique détenteur de l'arme nucléaire dans la région menace régulièrement de mener des frappes contre les installations nucléaires iraniennes, sous le prétexte d'empêcher le pays de se doter de l'arme atomique. L'Iran se dit paré à se défendre en cas d'attaque israélienne. Que les Etats-Unis aient ou non donné leur feu vert, les Iraniens «attaqueront les bases américaines à Bahreïn, au Qatar et en Afghanistan et Israël subira des dommages lourds». Le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution, avait estimé que la guerre d'Israël contre l'Iran «finirait par arriver» et que son pays était prêt à cette confrontation aux conséquences incalculables. Un autre responsable militaire iranien, l'adjoint du général Jafari, le général Hossein Salami a voulu clarifier la donne : «Nous ne commencerons pas une guerre mais si quelqu'un nous déclare la guerre, nous lancerons des offensives continues.» De son côté le président iranien Mahmoud Ahmadinejad se trouvant à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, a déclaré qu'il ne prévoyait pas de progrès sur le dossier du nucléaire iranien. Ce dernier reste le prétexte de la guerre que voudrait imposer les grandes puissances à toute une région. Dans un entretien au Washington Post le président iranien s'est voulu confiant sur la complexité de la conjoncture. «L'expérience montre que les décisions importantes, les décisions-clés, ne sont pas prises aux Etats-Unis dans la période conduisant à l'élection présidentielle américaine» dira-il. Le président iranien a cependant réaffirmé que son pays était prêt à faire des progrès dans les discussions, très difficiles, menées avec les grandes puissances sur ce dossier. L'Iran se trouve, depuis plusieurs années, confronté à une pression occidentale tenace. Le pays est sous le coup de plusieurs séries de sanctions, et les grandes puissances sont engagées depuis des années dans un très difficile processus de discussions. Sans qu'une issue diplomatique à ce différend soit trouvée. La dernière réunion, fin juin à Moscou, entre les négociateurs iraniens et ceux des six grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) s'est achevée sans résultat tangible, faisant prolonger une situation de statu quo. Pour les Iraniens, le programme nucléaire n'est qu'un prétexte et n'est nullement la principale raison de la position dure des Occidentaux vis-à-vis de l'Iran. «Pensez-vous vraiment que c'est la base du problème ?», s'est interrogé le président iranien s'adressant aux journalistes américains. L'Iran considère que l'animosité occidentale qu'il subit est étroitement liée à Israël et à son hégémonie régionale. Les Iraniens également suscitent le soupçon pour leurs aptitudes techniques. Téhéran a d'ailleurs décidé de bloquer l'accès à la messagerie électronique Gmail préférant lancer un service iranien. Mais la conjoncture électorale américaine semble jouer en faveur de l'Iran. Le président américain Barack Obama a balayé d'un revers de main les pressions d'Israël sur les Etats-Unis, dans le but d'imposer des «lignes rouges» à l'Iran sur son programme nucléaire. Interrogé sur l'insistance de Netanyahu, Obama a répondu «quand il s'agit de décisions concernant notre sécurité nationale, la seule pression à laquelle je réagis c'est celle qui consiste à faire que ce qui est bon pour le peuple américain, et dans un tel cas, je vais m'extraire de tout le bruit environnant». Une déclaration qui ne sera pas du goût des Israéliens habitués à un discours lénifiant émanant de la Maison Blanche. Netanyahu s'est récemment caractérisé par un activisme tangible pour pousser Washington vers une confrontation avec l'Iran. Occultant les conséquences désastreuses qui en découleront inéluctablement. Le gouvernement israélien semble vouloir forcer la main à Washington pour justifier ses menaces répétées d'attaque contre les installations iraniennes, alors que l'Administration Obama semble réfractaire à une telle option. Une administration dont la tête est ailleurs : les élections présidentielles du 6 novembre. M. B.