Le produit de l'artisanat local reprend de plus en plus sa place sur le marché national à la faveur d'une nouvelle tendance, palpable, chez le consommateur algérien. Remis au goût du jour, les poteries, les ustensiles en bois, les vêtements et les bijoux traditionnels, la tapisserie et la maroquinerie locales, comme la vannerie et les meubles d'autrefois, connaissent un regain d'intérêt notable. Ils sont presque à la mode. Le Salon national des arts traditionnels du bois (19-25 septembre), qui vient de s'achever à Béjaïa, comme pour confirmer cette réalité, a drainé un grand flux d'amateurs et de curieux. Organisée par la Chambre de l'artisanat et des métiers de Béjaïa, la manifestation a vu la participation de 48 artisans, dont 9 femmes, issus de 19 wilayas. Les concourants ont exposé, à l'occasion, de véritables chefs-d'œuvre (statuettes, œuvres décoratives, objets utilitaires) qui seraient, selon des spécialistes, éligibles aux grandes expositions internationales. Une trentaine de sculpteurs sur bois ont animé des «ateliers de démonstration» où le public, très intéressé, a vu transformer des bouts de chêne ou de cerisier en de belles créations. Ceci pour souligner l'amélioration notable de la qualité des produits et la finesse des créateurs. Cette remarque sera, d'ailleurs, fortement soulignée par des conférenciers avertis qui ont conseillé aux artisans de se constituer en coopératives et associations spécialisées, dans l'objectif de «sauvegarder et de développer leurs activités». Des recommandations ont été également formulées à l'endroit des pouvoirs publics pour aider la filière à s'organiser et à se faire connaitre dans les grands salons internationaux. De plus en plus qualifiés, les artisans algériens se sont ouvert une petite brèche vers l'exportation. A la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de Béjaïa, qui regroupe plus de 7 000 professionnels, on compte deux artisans (un potier et un céramiste) qui ont déjà monté plusieurs opérations d'exportation vers la France et la Hollande. Trois autres microentreprises ont également fait leur entrée sur des marchés extérieurs. Cela concerne les scourtins (petits sacs circulaires utilisés dans la trituration traditionnelle des olives), les peintures au sable et les meubles sculptés. Cette évolution répond aux efforts engagés ces derniers temps par les autorités de tutelle, qui ont insufflé une dynamique nouvelle à cette filière prometteuse. En plus des facilités accordées aux jeunes artisans, il y a aussi les divers salons et autres foires qui ont permis la vulgarisation et la promotion de ce créneau, intimement lié à la culture et au tourisme. Recourant à l'Internet, certains jeunes artisans innovent aussi en matière de communication et de mise en valeur de leur discipline. Pour maintenir cette dynamique, tous les acteurs du secteur (ministères, chambres des métiers, artisans et organisateurs d'événements) sont appelés à œuvrer de concert pour codifier et défendre la spécificité de l'artisanat algérien. Cela participe évidemment à la création d'un cachet à même de promouvoir le secteur en créant des liens étroits et des échanges réguliers entre les artisans eux-mêmes, et en développant le marché et les réseaux commerciaux des produits de la filière.