«Le but est de créer des emplois et non pas d'en supprimer». Une réponse sans ambages de M. A. Brighet, assistant technique et membre du staff chargé de la matérialisation du joint-venture entre Etrag, entreprise algérienne établie à Oued Hamimime (Constantine) et le groupe américain Agco, fabriquant mondial de machines agricoles Massey-Ferguson. Une réponse qui aura le mérite sans doute de mettre définitivement fin aux rumeurs de dégraissage massif des effectifs dans les mois venir. Quoique le démenti formulé n'empêche pas formellement une mise à niveau des compétences du personnel, notamment technique et de production, compte tenu de la complexité du projet de fabrication de tracteurs performants et la sophistication des techniques et l'usage des moyens et équipements pour y parvenir. «Il est primordial que le volet de la formation soit l'une des clés de voûte du partenariat et tout cela a été déjà négocié. Il le sera dans les détails une fois le projet cerné dans ses détails. Fabriquer un tracteur aussi performant que celui que ATC va produire nous impose d'élever les compétences à hauteur de notre partenaire et non l'inverse.» Le tracteur produit jusque-là par Etrag ne répond plus aux exigences de l'heure, qu'il s'agisse de la nature elle-même, de l'évolution du climat et les contraintes particulières qui en sont parfois la conséquence amènent de nouvelles technologies. Or, pour les pouvoirs publics, l'objectif essentiel du joint-venture n'est pas de fabriquer le tracteur Massey-Ferguson pour la gloire mais plutôt pour des raisons plus terre-à-terre qui consistent à anticiper sur le risque majeur que représenterait une tension mondiale déjà présente sur le blé et qui pourrait devenir phénoménale au cours des années à venir, en plaçant la mire sur une autosuffisance alimentaire ou du moins en réduisant au maximum la facture d'importation. Selon M. Brighet «Actuellement, les rendements agricoles, nationaux donnent annuellement une vingtaine de millions de quintaux, ce qui, vous en conviendrez, est bien loin des besoins réels qui tournent autour de soixante. Ce déficit de quarante millions, il faudrait que l'Algérie parvienne à le rogner suffisamment pour être à l'abri et le meilleur moyen est, aux yeux des décideurs, le choix d'une politique en ce sens. Le tracteur en l'occurrence le C 6807 qu'Etrag fabrique ne répond plus à cette réalité.» En fait, la sécurité alimentaire recherchée par les pouvoirs publics est sous-tendue par un souci de sécurité interne qui ne pourrait être garantie que par une stabilité sociale sans faille. Dans cet ordre d'idées, quel que soit le coût de l'investissement à consentir, l'Etat ne sera pas regardant et, à juste raison, pour matérialiser le joint venture Etrag-Agco, le Trésor algérien devra étaler sur la table trente millions de dollars nécessaires aux nouveaux équipements (chaudronnerie, usinage mécanique, chaufferie) et les réaménagements (extension) qui devront être opérés au niveau des unités d'Etrag. L'avantage reste que l'entreprise algérienne dispose de très grands espaces alors que la question d'énergie électrique, gaz et disponibilité d'eau ne risquera jamais d'être à l'ordre du jour. Le futur tracteur, en raison de performances techniques, confirmées, devrait, compte tenu de sa puissance, répondre largement au souci des agriculteurs de pouvoir travailler le sol quelle que soit sa nature, ce que ne peut aucunement satisfaire l'actuel tracteur dont le retrait du marché se fera au fur et à mesure que sorte progressivement son remplaçant. «Les besoins nationaux sont actuellement de l'ordre de 5 000 tracteurs, nous devrons atteindre ce nombre dans les quatre ou cinq années à venir. Le Massey-Ferguson qui sera mis sur le marché est, comparativement au C 6807, nettement plus performant : 82 cv et 4 roues motrices contre 68 cv et 2 roues motrices. Le rapport qualité/prix est également à son avantage puisque l'acquéreur n'aura pas à dépenser plus de 300 000 dinars supplémentaires.» précisera M. Brighet (le prix du C6807 est de 1,9 million de dinars. Ndlr). Le joint-venture a été conclu et signé en présence du ministre le 16 août passé, la prochaine réunion du conseil d'Administration se tiendra le 4 octobre prochain. En attendant, ce sont les documents administratifs qui sont préparés (inscription au registre de commerce, ouverture de comptes bancaires, adhésion fiscale, sociale et parafiscale) pour la nouvelle entreprise, en l'occurrence Algerian Tractors Company, laquelle devrait démarrer avant la fin de l'année.