Les Etats-Unis ne vont pas déployer de force au nord du Mali et n'envisagent pas une présence militaire dans cette région, a affirmé, hier à Alger, le général Carter F. Ham, commandant en chef de l'Africom (commandement des forces armées américaines en Afrique), se prononçant plutôt pour une solution «politique et diplomatique» à la crise malienne. «La seule alternative qui ne pourrait pas exister, c'est la présence militaire américaine dans le nord du Mali», a affirmé le général Ham dans une conférence de presse qu'il a animée au siège de l'ambassade US à Alger. Il a ajouté que «l'un des aspects clés dans la résolution de la crise malienne, c'est de faire la distinction entre les groupes armés dans cette région et définir ceux qui sont terroristes et ceux qui ne le sont pas». «Je suis ici en Algérie pour une meilleure compréhension de la situation au Mali et connaître quels sont les groupes terroristes et quels sont ceux qui ne le sont pas», a-t-il ajouté. Pour le général américain, les Etats-Unis «n'ont pas la même compréhension» que l'Algérie au sujet de ce qui ce qui se passe au Mali et c'est pour cette raison, a-t-il dit, que «nous essayons de comprendre quel est le rôle du groupe Ansar Eddine ou encore celui du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et du Mnla (Mouvement national de libération de l'Azawad)». «Nous sommes en train d'établir un processus formel pour définir quel groupe est terroriste et quel groupe ne l'est pas», a-t-il expliqué. «Finalement, la crise au nord du Mali ne peut être résolue que de manière diplomatique ou politique. La composante militaire fera partie d'un tout et jouera un rôle bien précis dans la résolution de ce conflit», a-t-il précisé. En fait, a encore relevé le responsable militaire américain, «il y a d'autres défis au nord du Mali qu'il faudrait résoudre, à commencer par la mise en place d'un gouvernement légitime à Bamako». Il a également évoqué «la nécessité de faire face aux préoccupations des populations au nord du Mali» et cela se fera, a-t-il dit, «diplomatiquement». Le général américain a, par la même occasion, salué la «présence très efficace» de l'Algérie, grâce notamment à l'aide humanitaire qu'elle ne cesse de fournir aux populations réfugiées dans la région.Pour rappel, la position américaine, qui vient renforcer celle de l'Algérie vis-à-vis de la crise malienne, a déjà été exprimée par le général Carter Ham, en août dernier, lors de sa présence à Ouagadougou. Il avait alors déclaré que la solution de la crise dans le nord du Mali, occupé par des islamistes armés, n'était pas «uniquement» militaire, mais aussi politique. Si la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) «estime qu'il y a un rôle militaire qui doit être joué pour résoudre la crise au Nord-Mali, ce rôle doit être également accompagné par un rôle politique», avait-il dit, après un entretien avec le chef de l'Etat burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans cette crise. Il s'agit là de la même position prônée par l'Algérie depuis le début de la crise malienne. Rappelons que pour l'Algérie la solution à la crise au Nord-Mali ne peut être que politique et pacifique et sera la résultante d'un dialogue inclusif entre Maliens et notamment entre le gouvernement et la rébellion touarègue. Pour Alger, le retour à la normale passe nécessairement par un retour à la stabilité dans le Sud avec l'installation à Bamako d'une autorité forte, en mesure de constituer un partenaire fiable et crédible permettant la recherche d'une solution politique négociée entre le gouvernement et les groupes armés ouverts au dialogue, qui respectent l'unité nationale du Mali et rejettent le terrorisme. H. Y.