Face à la crise financière, l'OPEP a réagi sagement en décidant de réduire la production de pétrole, non pas pour faire pression sur les pays consommateurs, mais pour préserver ce que les pays producteurs peuvent dans un contexte déjà difficile pour eux et ce, bien avant la crise des subprimes qui a déclanché le processus de récession. Face à la réaction légitime de l'OPEP, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont affiché une hostilité manifeste et Gordon Brown a été dépêché au Moyen-Orient pour parasiter l'OPEP et convaincre ainsi certains pays du Golfe de ne pas mettre en œuvre la décision du cartel. S'il est de bonne guerre que des pays consommateurs d'énergie fassent pression afin de maintenir le prix du pétrole à un niveau bas, il est inconcevable que des pays producteurs, dont l'économie dépend essentiellement des exportations des hydrocarbures, jouent le jeu des puissances économiques et agissent contre leurs propres intérêts. A moins que les intérêts de ces derniers soient intimement liés à ceux des Américains et des Britanniques. Pourtant, la réduction de la production de l'OPEP obéit en premier lieu à un impératif du marché dans la mesure où la demande a fortement baissé en raison des difficultés économiques et financières rencontrées par un grand nombre d'entreprises et de pays. En second lieu, la baisse de la production de l'OPEP répondait à un souci légitime de maintenir les recettes des hydrocarbures à un niveau qui préserverait les pays exportateurs de tout risque de déséquilibre budgétaire et, au-delà, de la mise en péril de projets de développement économiques et sociaux vitaux pour les populations. Les pays consommateurs d'hydrocarbures, notamment les puissances économiques, savent que sans cette manne financière que génère l'exportation de produits énergétiques, les pays de l'OPEP ne peuvent subvenir aux besoins grandissants des populations, encore moins engager des réformes politiques et sociales de nature à permettre une réelle émancipation sociale. La loi du marché est pourtant le credo des pays libéraux qui ont bafoué cette loi sans gêne quand leurs économies se sont retrouvées face à un danger réel de faillite en raison justement des mêmes règles de marché. Mieux, les chantres du libéralisme se sont convertis brutalement et sans gêne aucune aux thèses socialistes, au dirigisme et à l'interventionnisme de l'Etat. Les Etats libéraux renflouent les caisses des banques qui ont fait banqueroute et subventionnent des entreprises en faillite sans que les gardiens du temple de la libre entreprise et des lois du marché trouvent à redire. Quand l'OPEP agit pour défendre les intérêts de ses membres, elle est accusée de tous les maux et est rendue responsable de l'aggravation d'une crise générée pourtant par l'ultralibéralisme et une mondialisation injuste. A. G.