C'est demain, vendredi, que l'Opep devra trancher sur la manière de faire face à la chute des prix du baril, lors de la réunion d'urgence prévue à Vienne. Si l'ensemble des membres du cartel est unanime sur une nécessaire baisse de production, le volume de cette dernière risque de provoquer des divergences. Le président de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep), Chakib Khelil, a affirmé, hier, mercredi, deux jours avant une réunion d'urgence du cartel, qu'une baisse de production de pétrole devrait ménager les intérêts des pays producteurs, mais aussi des consommateurs, touchés par la crise financière. «L'un de nos objectifs est de ne pas affecter les pays déjà frappés par la crise financière, mais nous ne voudrions pas non plus que nos pays soient affectés par les prix bas» du baril de pétrole, a-t-il déclaré à son arrivée à Vienne. L'Opep tiendra, demain, vendredi,une réunion d'urgence et devrait nettement réduire sa production pour tenter de mettre un terme à la baisse des prix. En l'espace de trois mois et demi, les prix du pétrole ont perdu plus de la moitié de leur valeur. D'un record de 147,50 dollars en juillet, ils sont tombés sous 65 dollars, avant-hier, mardi, à Londres, leur niveau le plus bas depuis mai 2007. Voyant leurs revenus fondre, les membres de l'Opep, qui produisaient fin septembre 32,16 millions de barils par jour (mbj) ont décidé d'avancer de trois semaines une réunion extraordinaire initialement fixée au 18 novembre. Le cartel veut empêcher qu'un trop grand surplus d'offres ne se constitue. «Les stocks sont très élevés, il y a un excédent de production», et «certains d'entre nous ne parviennent pas à vendre leur brut», a affirmé ainsi M. Khelil, se gardant toutefois de chiffrer la baisse de production qu'il juge souhaitable. «Si la réduction de la production de pétrole doit être 1,5 million de barils par jour, ce sera 1,5 million de barils, si c'est 2 millions de barils par jour, ce sera 2 millions de barils», avait-il déclaré à Alger. Les ministres libyen et qatari ont prôné une baisse d'au moins 1 mbj, leur homologue iranien plaidant en faveur d'une réduction de 2 à 2,5 mbj. M. Khelil a, par ailleurs, exprimé encore le souhait, qu'il avait déjà formulé en début de semaine, que des producteurs non-Opep comme la Russie, la Norvège ou le Mexique, participent à l'effort de réduction de l'offre pétrolière. «Il n'y a pas que l'Opep, a-t-il souligné, rappelant que «l'Opep, c'est 40%, le reste c'est 60% (de la production mondiale).» Pour sa part, le secrétaire général de l'Opep, Abdallah El-Badri, a indiqué mardi à Moscou, au cours d'une rencontre avec le président russe Dmitri Medvedev, qu'il ne demanderait pas à Moscou de réduire sa production de pétrole. «Je ne demanderai pas à la Russie de réduire la production. Je lui demanderai d'échanger des informations concernant la situation sur le marché et la crise financière», a-t-il assuré. Forte réduction de production - Probable résistance de Riyad l L'Arabie saoudite et ses partenaires du Golfe vont probablement résister aux demandes d'une réduction importante de la production de l'Opep. «Je pense que le maximum de ce que l'Arabie saoudite est prête à faire est de retirer les barils supplémentaires qu'elle a commencé à pomper cet été pour calmer le marché qui était à la hausse», a dit un économiste saoudien. Riyad avait alors augmenté sa production de 500 000 barils par jour à 9,7 mbj sous la pression de pays occidentaux inquiets de la montée en flèche des prix. Riyad pourrait demander aux autres membres de l'Opep d'attendre la fin de l'hiver pour discuter de la question. «L'Arabie saoudite ne souhaite pas un baril à moins de 60 dollars. Dans les circonstances actuelles, ce serait un bon prix pour maintenir les équilibres budgétaires», estime encore l'analyste, ajoutant que l'Opep aura des choix difficiles à faire avec «la chute des prix, une demande incertaine et une économie mondiale glissant vers la récession».