Photo : S Zoheir Par Samir Azzoug Chadli Bendjedid, troisième président de la République algérienne a été enterré hier, 8 octobre 2012 au cimetière d'El Alia à Alger. Des funérailles présidentielles où plusieurs générations de responsables politiques, militaires ou de la scène culturelle nationale sont venues rendre un dernier hommage à l'homme d'Etat. Un homme que ses collaborateurs et les personnalités présentes désignent unanimement comme un personnage au «grand cœur». «Je reconnais à Chadli Bendjedid sa modestie, sa rectitude, son affection et sens du respect pour les autres. Pendant les 13 années, son règne a été marqué par une forte volonté d'améliorer la vie quotidienne du citoyen. Il était le meilleur président algérien dans ce sens. Il ne faut pas oublier que les autorisations de sortie du territoire pour les citoyens c'est lui. La décision de vendre les logements biens vacants, aussi», remarque Ahmed Taleb Ibrahimi, ministre des Affaires étrangères sous Chadli. Ce dernier poursuit, sur les points forts et les réalisations du défunt président : «En politique interne, il (Chadli) a amorcé les premiers pas dans le sens de la démocratisation du pays et vers la libéralisation de l'économie nationale. Sur la scène internationale, il a créé des relations fraternelles avec les pays frontaliers, préservé la place de l'Algérie parmi les non-alignés et dans l'Union africaine. Il a poursuivi dans le sens du soutien aux causes palestinienne et sahraouie. Face aux grandes puissances, il à traité d'égal à égal avec la Russie et ouvert des contacts avec l'Occident». Pour conclure, Taleb Ibrahimi déplore la perte d'un homme digne qui «n'a pas fait comme certains présidents des pays arabes. En octobre, Chadli a vu qu'il ne contrôlait pas la situation, il est rentré chez lui en toute dignité. Chef du gouvernement de 1989 à 1991, Mouloud Hamrouche décrit Bendjedid comme «un président compétent, sérieux dans son travail et la gestion des dossiers, patient avec ses collègues et tendre avec ses enfants». «Il avait entrepris une certaine ouverture dès les premiers instants de son accession (à la présidence). Il avait compris que le système politique de l'époque ne pouvait plus répondre aux problèmes sociaux. Il a décidé alors, et assumé, des réformes fondamentales», rappelle le candidat à la présidentielle de 1999. Tout en dessinant la trajectoire de Chadli Bendjedid, Hamrouche explique toutefois que cette génération d'hommes issus de la révolution «a un petit manque en matière de stratégie et gestion de projets. Il est issu de l'école du travail et non adepte d'idéologies politique ou économique». L'autre candidat à la présidence, en 2004, Ali Benflis, trois fois ministre de la Justice sous trois gouvernements pendant la présidence de Chadli, a tenu à témoigner que «ce grand homme témoin d'une époque, représente la simplicité, la gentillesse et le respect des institutions. Il était sage, visionnaire et constant et il avait une patience exemplaire». D'une autre génération, Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre, à mis en avant la carrière de combattant de Chadli, dont l'Algérie retiendra les réformes engagées lors de son règne. «Les critiques sur sa gestion est un fait normal. Chadli reste un grand homme», déclare-t-il brièvement. A 15h, arrive le cortège funèbre. Accompagnée par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la dépouille est mortelle installée près de l'endroit de l'ensevelissement, à côté de la tombe du premier président algérien, Ahmed Ben Bella, décédé le 11 avril 2012. Après la prière funèbre, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbès, prononce l'oraison funèbre. Les trémolos dans la voix indiquent un chagrin réel. «Est parti un homme dévoué et une pointure nationale. Un compagnon et un symbole national. Il était un leader qui a posé les assises de l'armée nationale. Il est une partie de l'Histoire de l'Algérie. Son parcours prouve sa force de présence et sa représentation des valeurs et repères de la Révolution. C'était un homme au grand cœur, les générations futures doivent connaître son parcours. Celui d'un homme qui restera dans les annales de l'Histoire reconnaissante», dira l'orateur. On notera parmi les présents, les nouveaux et anciens membres de l'exécutif, des gradés de l'armée nationale, en activité ou en retraite. La présence remarquée également de Lakhdar Brahimi, l'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel représentant de l'ONU en Syrie. Pour les représentations étrangères, le président de la République arabe sahraouie démocratique, une forte délégation tunisienne menée par son ministre des Affaires étrangères, le chef d'état-major, le ministre marocain des Affaires étrangères, le conseiller du Roi Mohamed VI, le ministre égyptien des Affaires religieuses ainsi que le représentant personnel du cheikh Hammed du Qatar, étaient présents pour rendre un dernier hommage à Chadli Bendjedid.