En une seule année, l'Algérie a enterré deux de ses anciens présidents. Six mois après la mort du premier président de la République démocratique et populaire algérienne, Ahmed Ben Bella, le Carré des martyrs du cimetière d'Al-Alia d'Alger a accueilli hier la dépouille de Chadli Bendjedid, décédé à l'âge de 83 ans. Plusieurs personnalités politiques étaient présentes. Ahmed Taleb Ibrahimi, qui était un des membres du gouvernement de Chadli, a qualifié la période de ce dernier de positive car, selon lui, c'est Chadli qui a derrière l'ouverture politique et l'économie du marché. De son côté, Mouloud Hamrouche, qui était son Premier ministre, a rappelé lui aussi les bienfaits de feu Chadli. Selon lui, l'ancien président avait de la sagesse et des capacités qui lui ont permis d'être à la hauteur quand il lui a fallu succéder au président Houari Boumediene. «Il était un président compétent lorsqu'il a pris ses fonctions suite aux traitement des dossiers laissés sur le bureau de Boumediene.» Hamrouche a cité la patience et la clémence en tant que qualités du regretté. «L'histoire témoignera que Chadli a libéré Ben Bella et les autres prisonniers politiques», a-t-il précisé. Evoquant les événements d'Octobre 1988, il a noté que ces incidents tristes avaient eu un grand effet sur Chadli qui a compris que le système politique n'était pas capable de gérer les problèmes de la société et de l'économie nationale, et, donc, il a opté pour la liberté d'expression. M. Hamrouche a indiqué également que Chadli Bendjedid avait raison dans beaucoup de décisions prises comme il avait commis peu de fautes dues au manque de planification. «Il venait de l'école de la vie, il a débuté sa carrière militaire durant la guerre de Libération et, par conséquent, n'avait pas de théories politiques ni économiques», a-t-il soutenu. Par ailleurs, l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia a fait savoir que Chadli était critiqué injustement alors qu'il était le bâtisseur de l'Algérie moderne. «Il faut reconnaître qu'il a fait des efforts pour l'Algérie dont l'ouverture politique», souligne-t-il. Des centaines de personnes, dont des moudjahidine, et des délégations étrangères de haut niveau avaient assisté aux funérailles, à l'image de celles du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte. Accompagnée du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la dépouille de l'ex-président de l'Algérie, le troisième, a été transportée du Palais du peuple, où elle était exposée, jusqu'au cimetière d'El-Alia. Après la prière et l'oraison funèbre prononcée par Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, des salves ont été tirées et la sonnerie aux morts jouée par un détachement de la Garde républicaine en hommage au regretté pendant que le corps était mis en terre. Le drapeau qui couvrait son cercueil a été soigneusement plié et remis au président Bouteflika qui l'a passé à son tour au fils ainé du défunt président. Souffrant d'une longue maladie depuis des années, Chadli Bendjedid est décédé samedi dernier à l'hôpital militaire d'Aïn Nadja d'Alger après quelques jours de coma profond. Ainsi, l'Algérie a perdu en lui un homme d'Etat qui a donné sa jeunesse pour que l'Algérie vive libre et indépendante.