Mardi dernier, un enseignant d'arabe, au CEM de Boukhanifis, wilaya de Sidi Bel Abbès, a été violemment agressé par le père d'une élève qu'il a convoqué lui-même pour lui poser un problème en relation directe avec la scolarité de son enfant. Mal lui en prit. L'enseignant, qui est à trois mois seulement de son départ à la retraite, s'est retrouvé avec une dizaine de points de suture et une incapacité de travail de dix jours. L'agression a eu lieu à la sortie du collège et non pas dans l'enceinte de l'établissement éducatif, mais cela ne diminue en rien la gravité du fait. Cet acte de violence a été condamné par tous et une plainte a été déposée par l'Administration contre l'agresseur. Les enseignants du CEM, soutenus par leurs confrères des autres établissements scolaires de la wilaya et des autres wilayas du pays, comptent observer un large mouvement de protestation pour exprimer leur indignation devant l'ampleur de ce phénomène. Ce dernier, favorisé par la passivité d'un pouvoir politique qui se cache derrière l'argument sécuritaire pour justifier son impuissance, alors qu'il s'agit simplement d'indifférence, de laisser-faire et, plus grave encore, d'incompétence.Avant cela, un autre enseignant a été agressé par son propre élève à Relizane, et une enseignante d'Alger par la mère d'une élève. L'enseignante n'a pas osé porter plainte par peur de nouvelles représailles et l'administration de l'école a fait montre d'une grande indifférence, comme s'il ne s'était rien passé et qu'il s'agissait d'un fait somme toute banal, laissant la victime livrée, seule, au chantage. Dans un communiqué rendu public, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a tiré la sonnette d'alarme sur ce phénomène grave, grandissant dans nos écoles et a appelé à des solutions urgentes. «Le moment est grave et une solution nationale doit être trouvée à ce phénomène le plus tôt possible pour sauver l'enfant, l'école et l'Algérie», soutient son porte-parole, Hakem Bachir. Et ce dernier de dire sa colère devant l'absence de poursuites judiciaires: «Le CLA estime inconcevable qu'un ministère ne porte pas plainte contre toute agression d'enseignant, comme le fut la dernière agression d'une professeur à Alger qui a eu peur de porter plainte pour sauvegarder sa vie familiale, alors que la tutelle et l'établissement n'ont pas pris en charge cette affaire, ni les autres milliers d'agressions qui se passent chaque année». L'organisation autonome demande au gouvernement de «décréter une semaine de réflexion sur le phénomène de la violence et revoir sérieusement la réforme, en invitant toute la famille de l'enseignement (parents, médias, société civile) à y prendre part». Par ailleurs, rappelle le CLA, «l'Algérie dépense 10 % de son produit national brut dans l'éducation, une portion bien plus grande que celle de la plupart des autres pays mais ses résultats sont constamment parmi les plus mauvais. Selon le dernier Indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial, l'Algérie se classait 137e sur 139 pays en matière d'éducation primaire et 137e en sciences et mathématiques». K. M.