Face à la congestion qui caractérise les quais des ports du pays, les services des Douanes ont aménagé des espaces annexes, entrepôts et port sec, pour alléger la pression sur les terminaux. Mais, au demeurant, on peut s'interroger sur l'efficacité de ces solutions. Etant donné que les origines et les raisons de ces pratiques sont connues, n'y a-t-il pas lieu de s'attaquer à ces causes ? Le phénomène mérite amplement une halte. Pour uniquement le port d'Alger, il suffit d'y jeter un coup d'œil pour voir l'ampleur de la situation. «Inadmissible» pour le dg des Douanes, M. Bouderbala, cette situation bloque et entrave énormément l'activité habituelle de cette structure vitale, de l'avis de certains responsables. Chaque année, on annonce, en fait, des chiffres parfois faramineux de conteneurs en souffrance au niveau des différents ports, pas uniquement celui d'Alger, mais aussi ceux de l'est et de l'ouest du pays. Il y a quelques semaines, les responsables des ports de l'Est avaient annoncé la destruction d'un nombre important de conteneurs en souffrance et qui contiennent pour une partie d'entre eux des produits périmés ou périssables. «Plus de 500 conteneurs sont en souffrance dans les ports de Skikda, d'Annaba et de Béjaïa», avaient indiqué les responsables de ces structures. Pis, le port d'Alger, -le principal port du pays et qui représente 40 % des activités commerciales avec l'étranger- n'est pas en reste. Ils sont ainsi 1 000 conteneurs à souffrir depuis des années au niveau de cette structure, avait souligné également, le Dg des Douanes qui n'a pas mâché ses mots quant à une telle situation «inadmissible». D'ailleurs, ce dernier a déjà fixé le mois dernier un délai aux importateurs des marchandises entassées dans les différents ports du pays pour qu'ils les enlèvent avant de procéder à leur vente aux enchères. En haussant le ton contre ces pratiques, M. Bouderbala a dit que «cela ne se passera plus comme cela. Dans les prochains jours, les premiers conteneurs et engins devront quitter le port.» Ce qui présage une nouvelle méthode de traitement pour ces pratiques. Une source des Douanes nous a confié que cette question qui revient souvent sur le devant de la scène est due à un certain nombre de causes. Pour notre source, les importateurs sont souvent confrontés à des situations inextricables. «Certains importateurs font fi de la réglementation en vigueur ou carrément, ne connaissent pas les procédures», a-t-il confié. A ses yeux, cette question est le cas de plusieurs importateurs, car, ajoute-t-il en guise d'exemple, «celui qui importe des gyrophares de couleur bleue nécessite une autorisation du ministère de l'Intérieur. Alors, imaginons qu'il les importe sans ce document. Le résultat de ce fait ne peut être que d'abandonner sa marchandise». D'autres origines figurent aussi parmi les, causes principales de cette situation. Il y a entre autres, selon ce responsable, les fausses déclarations. «Il y a ceux qui importent une marchandise donnée et dans la déclaration en mentionnent une autre pour des raisons qu'on ne connaît pas. C'est aussi l'une de ces causes…», martèle-t-il. La question de la qualité est un autre facteur indéniable qui cause énormément de tracas aux services des Douanes. «Logiquement, les produits qui ne répondent pas aux normes requises seront saisis et détruits, ce qui, parfois, augmente le nombre des conteneurs bloqués dans les enceintes portuaires», affirme notre interlocuteur, qui estime que le contrôle de la qualité se fait de plus en plus rigoureux. Preuve en est les déclarations faites par le dg des Douanes qui avait fait état d'une augmentation sensible des articles contrefaits, cette année, par rapport à l'année dernière. Selon les chiffres fournis, 2,3 millions d'articles contrefaits ont été retenus en 2007 contre 800 000 en 2006. Toujours à ce sujet, on peut rajouter une autre raison, immanquablement, de taille. En effet, le dg des Douanes a expliqué que certains importateurs stockaient «délibérément» leurs engins au port pour bénéficier de la sécurité et des réductions de tarif dans le cadre des facilitations accordées par l'Etat. Ce qui représente un facteur amplifiant la situation qui déjà atteint ses limites. Notre vis-à-vis a indiqué, concernant ces cas, que la réglementation en vigueur est claire : «La marchandise qui dépasse les 21 jours est transférée vers les dépôts. Pendant les quatre mois qui suivent, le propriétaire de la marchandise, au cas où il présente le dossier requis, peut la récupérer, à défaut elle sera saisie par les services des Douanes et vendue aux enchères dans certains cas de gré à gré.» Néanmoins, notre interlocuteur précise que «le dg peut recourir à la mainlevée, après les périodes des 21 jours et quatre mois, et autoriser l'importateur à récupérer sa marchandise si ce dernier présente les pièces justificatives». Par contre, les conteneurs ne peuvent être stockés au niveau des ports. C'est pour cela que les Douanes ont acquis plusieurs entrepôts, port sec et des sites pouvant abriter toutes ces quantités de conteneurs. A titre d'exemple, notre source affirme que pour Alger, les Douanes ont aménagé un site à Sidi Moussa, ce qui a été déclaré par leur responsable, et qui peut contenir jusqu'à 4 000 conteneurs. En ce qui concerne les machines destinées aux travaux publics et les engins bloqués dans le port depuis plusieurs années, notre locuteur a indiqué qu'ils seront transférés vers le site de Rouiba. Etant donné que la congestion des terminaux des ports est due, dans certains cas, au phénomène de la contrefaçon, les Douanes misent sur la lutte contre ce fléau afin de permettre à ces structures de respirer. Ainsi, M. Bouderbala a affiché sa «ferme volonté» de venir à bout de ce fléau. Une volonté traduite par la création, en mars dernier, d'une sous-direction centrale chargée de la contrefaçon. Au même titre, des moyens sophistiqués de détection des produits contrefaits ont été acquis. La question de la formation des agents des Douanes est également au menu pour reconnaître la pièce contrefaite. A ce sujet, des conventions ont été signées entre les Douanes et les entreprises des produits authentiques. Une quinzaine de grands groupes étrangers et nationaux ont signé des conventions dans ce sens tandis que 45 entreprises nationales se sont rapprochées des Douanes dans le but de demander la protection de leur marque, contre 39 en 2006, a révélé le dg des douanes, dernièrement. S. B.