Photo : Archive De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Le traitement des marchandises au niveau des terminaux marins fait généralement face à de nombreuses contraintes. Ces difficultés influent de manière négative sur la mission première du port qui consiste à assurer le transit des marchandises dans les meilleures conditions et au moindre coût. Le temps pris dans le déchargement des cargaisons, les retards enregistrés dans les formalités de dédouanement, les défaillances de certains opérateurs économiques dans l'évacuation de leurs produits sont autant d'inconvénients qui se traduisent habituellement par la congestion des quais. Afin de remédier à ce genre de situation, la loi de finances 2008 a prévu un nouveau dispositif réglementaire qui oblige les importateurs à enlever leurs marchandises dans un délai de 4 mois et 21 jours. Faute de quoi, lesdites marchandises seront automatiquement saisies par les douanes et vendues aux enchères publiques. Classé second à l'échelle nationale en matière de trafic général, le port de Béjaïa commence à montrer des signes de saturation évidents. Ayant réussi des taux de croissance à deux chiffres au cours de ces six dernières années, il a vu le volume de ses activités carrément exploser, alors que ses capacités d'accueil sont restées les mêmes. Cinq mois après l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, quel a été son impact sur le désengorgement de l'espace portuaire béjaoui ? A la direction des Douanes, on n'a dénombré que 352 conteneurs «en souffrance» au début d'avril dernier. 47% sont en instance de réexportation, 16% en cours de procédure contentieuse, 14% en instance de régularisation, 14% en instance de destruction, 6% en instance d'être enlevés, 1% ont été déjà réexportés, 1% ont été vendus aux enchères publiques et 1% sont en instance de visite. «Sur cette question précise, on peut dire qu'on est dans une situation confortable. 352 conteneurs pour un port qui traite annuellement plus de 100 000 boîtes EVP, c'est évidemment minime», conclut M. Zitouni, directeur des Douanes algériennes, en soulignant au passage que ses services ont réalisé une véritable performance au premier trimestre 2008. «On a augmenté le contrôle de +30% au cours de cette période en haussant la fluidité du traitement de +70%. C'est-à-dire, les douaniers ont fouillé plus de conteneurs en réussissant du même coup une meilleure productivité. Cette prouesse a été saluée par BMT, l'entreprise qui gère le terminal à conteneurs», explique toujours M. Zitouni qui tient cependant à préciser que la diligence du processus de dédouanement ne dépend pas uniquement de ses services. «Il y a aussi le contrôle de la qualité qui échoit à la DCP. Souvent, on recourt à des laboratoires d'analyses qui se trouvent à Alger ou ailleurs, notamment en ce qui concerne les matériaux de construction, et ça prend un sacré temps», tient-il toujours à souligner. S'agissant des marchandises saisies, notre interlocuteur précise qu'il s'agit de fausses déclarations d'espèce (vêtements, arachides) et de produits contrefaits (pièces de rechange et tendeurs de gaz). En effet, une cargaison de 28 000 tendeurs de gaz de marque Naftal, contrefaits en Chine, a été récemment aliénée par les services des Douanes à Béjaïa. De leur côté, les responsables de l'EPB insistent sur le bon conditionnement des cargaisons et la ponctualité des opérateurs-clients à les récupérer dans des délais raisonnables pour assurer une meilleure qualité de service. Les séjours d'entreposage abusifs, les enlèvements partiels se répercutent négativement sur la qualité des prestations. Dans ses derniers bilans, la Direction manutention et acconage (DMA) a relevé une nette amélioration de ses indicateurs de performance. Le rendement moyen annuel, tous produits confondus, est actuellement de 624 tonnes/équipe. Il est en hausse de 31% par rapport aux exercices précédents. «Le temps d'escale [rade + quai] est réduit à presque 4 jours. Le taux d'occupation des postes à quai est ramené à 70%. Ces résultats s'explique par les investissement consentis par l'entreprise et ses partenaires», se félicite le chef de la DMA dans la revue périodique de l'entreprise. Cependant, l'EPB tient toujours à son ambitieux projet d'extension, déposé auprès du ministère de tutelle, qui porte sur la création de 50 hectares de zones de stockage additionnelles ainsi qu'un nouvel espace de quai de 1 500 mètres linéaires, offrant six portes à quai pour la réception des bateaux. En guise de mesure d'urgence pour désengorger le port, l'EPB compte aussi ouvrir sous peu deux zones d'entreposage extra-portuaires : un terrain de 5 ha (dont 1 ha couvert) acquis à la périphérie de la ville de Béjaïa et un port à sec à Bordj Bou Arréridj. Ces investissements décentralisés permettront, à terme, un certain allégement de l'encombrement qui asphyxie progressivement les espaces immédiats du port.