C'est à une véritable démonstration de force que se sont livré, hier, les marchands de gros de Semmar qui ont fermé pendant deux heures leurs locaux en signe de protestation contre la décision du wali délégué de Bir Mourad Raïs interdisant la circulation des camions poids lourds de 7h du matin à 20h. Une décision qui a suscité un tollé général parmi les grossistes spécialisés essentiellement dans les produits agroalimentaires. Rassemblés devant leurs locaux, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «nous sommes des commerçants légaux et non pas des marchands informels», les protestataires réclament la levée pure et simple de cette mesure. Selon le porte-parole de leur coordination affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Lazli Omar, cette mesure risque d'avoir des répercussions graves sur les approvisionnements en produits alimentaires. Et partant sur les prix. Il dit craindre la réédition du scénario des émeutes de 2011, au cours desquelles une grave pénurie avait touché des produits de large consommation, notamment le sucre et l'huile. «Et dire que c'est à nous que le gouvernement a fait appel pour stabiliser les prix en assurant un approvisionnement régulier en produits manquants», note M. Lazli, qui estime le nombre des commerçants à 800 qui disposent des registres de commerce. Le porte-parole affirme que les marchands ont rejeté la proposition des services de la wilaya d'Alger de les transférer vers un site aménagé au niveau de la commune d'El Harrach, en raison de son exigüité. «Comment comptent-ils mettre les 800 commerçants dans un espace de 5 hectares seulement alors qu'ici nous évoluons dans un espace de 50 hectares ? C'est tout simplement illogique», s'écrie M. Lazli. Une autre option, proposée par la direction du commerce d'Alger, aurait pu constituer une solution définitive au problème. «On nous a proposé le marché de Kharrouba, dans la commune de Boudouaou, wilaya de Boumerdès. C'est un site bien situé et que nous aurions voulu occuper n'était la présence d'un barrage d'eau sis à Keddara, en amont du site, qui menace de déborder à tout moment avec tous les risques qui en découleraient. Voilà pourquoi nous n'avons pas accepté de nous y installer», explique Omar Lazli. Pour ce dernier, la coordination des commerçants de gros de Semmar ne «peut en aucun cas se porter garante» des conséquences que peut engendrer la mesure prise par la wilaya d'Alger d'interdire la circulation des camions le jour. Les grossistes refusent de travailler de 20h à 7h du matin, comme l'a suggéré le wali délégué, arguant que 90% de leurs approvisionnements se font via le port d'Alger. «Nous sommes tenus également par des engagements avec des usines». De son côté, qualifiant la mesure d' «abusive», l'Union générale des commerçant et artisans algériens (Ugcaa) exprime, par la voix de son délégué général pour la wilaya d'Alger, Sidali Boukerrouche, son soutien aux grossistes. «Nous sommes avec l'organisation et la loi. Mais nous estimons que cette décision étrangle les grossistes, et c'est pourquoi nous appelons le wali d'Alger à revenir sur cette mesure.» Y. D.