Après le Ramadhan et la rentrée scolaire, nouveau coup dur pour la bourse des Algériens. Les commerçants du marché de gros de Semmar, dans la commune de Gué de Constantine à Alger, préviennent contre une nouvelle augmentation des prix de tous les produits de large consommation qu'ils importent eux-mêmes et revendent aux détaillants des 48 wilayas du pays. L'augmentation est loin d'être légère, elle est déjà de 5 à 10%. Une hausse vite ressentie par les citoyens qui ne savent pas quoi faire pour contrecarrer cette frénésie des prix. «Nous ne sommes pas responsables de ce qui va arriver», lance comme un avertissement Omar Lazri, un des représentants des 800 grossistes touchés directement par l'instruction du wali délégué, datant du 22 septembre dernier et portant sur l'interdiction d'accès au marché des camions de plus de 2,5 tonnes. «Ils nous y interdisent l'accès le jour, en nous imposant des plaques de sens interdit sur le parcours habituel de nos camions. Ils nous disent de travailler la nuit, alors que rien ne marche la nuit. Ni les ports, ni les banques ni rien d'autre», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse tenue hier, au siège de l'Union générale des commerçant et artisans algériens (Ugcaa). Cette organisation que la corporation a intégrée pour défendre justement sa cause dans un cadre légal et officiel. «Ils veulent nous éliminer…Il y aura des monopolisations…C'est un marché à coups de milliards. Nous les gênons, nous l'avons bien compris. Il ne peut y avoir d'autres explications à cette décision abusive prise de manière unilatérale», accuse le représentant des commerçants en colère. Ces derniers comptent d'ailleurs organiser une protestation aujourd'hui, de 10h à 12 h, au lieu même de l'exercice de leur activité. «Nous serons chacun devant son magasin mais nous n'effectuerons aucune transaction commerciale. Ce sera entre 10h et 12h. Une manière pour nous de dire notre colère contre cette décision et alerter l'opinion publique sur ses conséquences», a-t-il précisé. L'orateur évoque les émeutes de janvier 2010 : «Je ne vous cache pas ma crainte qu'il n'y ait de nouvelles émeutes comme celles qui se sont produites le mois de janvier 2010 en protestation contre l'augmentation des prix de l'huile et du sucre. En effet, le risque d'en arriver là est grand, car c'est au citoyen de payer les frais d'une telle décision. Le commerçant, lui, est un professionnel. Je peux travailler là où je veux mais pour amortir les pertes, je dois augmenter les prix.» Tout cela parce que les services de la wilaya déléguée ont décidé, du jour au lendemain, sans consulter les commerçants, encore moins les citoyens, de faire appliquer une décision censée déjà l'être en 2003. «S'ils n'ont pas appliqué cette décision en 2003, c'est qu'il y a de fortes raisons de ne pas le faire», relève le représentant des grossistes de Semmar. Et ce dernier de poursuivre, en ce qui concerne le marché de gros d'El Harrach, créé spécialement pour accueillir les grossistes de l'autre marché : «C'est une grande erreur qu'ils ont faite. Le marché d'El Harrach ne pourra jamais remplacer celui de Semmar. Ce dernier est de plus de 50 ha, alors que celui d'El Harrach est à peine de 5 ha. De plus, il se trouve à quelques encablures de l'hôpital Zmirli. Son directeur se plaint de la présence des petites voitures, que fera-t-il alors devant l'arrivée des camions ?» Les commerçants en colère demandent tout simplement l'annulation de cette décision : «Nous demandons l'annulation de cette décision. S'ils la maintiennent, les conséquences tomberont sur les citoyens et aux autorités publiques d'en assumer seules la responsabilité… Nous ne sommes pas pour la confrontation, nous sommes des gens pacifistes mais nous avons le devoir de mettre à témoin l'opinion publique sur ce qui se passe… Les prix nous donneront raison», prévient, encore une fois, Omar Lazri.Selon ce dernier, une lettre a été transmise au ministère de l'Intérieur, lui demandant de trouver une solution au problème posé. Le ministère du Commerce aussi a été contacté, par téléphone, par le SG de l'Ugcaa. Les plaignants attendent une réponse favorable à leur demande. En attendant cette réponse, des citoyens accourent aux marchés pour faire leur «petit stock» pour la période hivernale. «Il faut faire vite avant que les prix n'augmentent davantage», indique une femme, à la sortie d'un magasin d'alimentation générale à la Place du 1er Mai à Alger.