Photo : Sahel Par Samir Azzoug Près d'un Algérien sur 100 inscrits sur les listes électorales est candidat aux élections locales. La mobilisation des citoyens pour l'échéance du 29 novembre 2012 reste le cheval de bataille des 52 partis politiques en lice, sans compter les indépendants. Par promesses de «changement pacifique» interposés, les uns et les autres assurent que ce rendez-vous électoral (encore un) est celui qui impulsera une nouvelle dynamique salvatrice pour le pays. Le taux de participation aux élections locales est donc pris pour baromètre, d'une part de la capacité de mobilisation des partis politiques et de l'autre la foi des Algériens en un avenir meilleur. Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, instance en charge de l'organisation du scrutin, a déclaré le 20 octobre 2012, qu'il «souhaitait» un taux de participation de 40 à 45%. Le pourcentage d'adhésion populaire souhaitable est donc fixé. Mais grâce à de simples calculs mathématiques, on peut déduire que le ministre des Collectivités locales se donne une marge de confort assez conséquente. Selon son directeur des libertés et des affaires juridiques, Mohamed Talbi, intervenu le 5 novembre sur les ondes de la radio chaîne 1, le nombre de candidats pour les élections des Assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW) est de 185 187, soit près de 1% du corps électoral (20 millions d'électeurs). Ce qui veut dire qu'un électeur sur 100 est un candidat. Par comparaison aux mêmes élections organisées en 2007, le nombre de candidats a augmenté de près de 65 000. Ainsi, entre les deux échéances (2007 et 2012) on constate aisément que l'évolution de l'«offre» représente 3,5 fois celle de la «demande». 35% pour les candidats et 10% du corps électoral. Poussons un peu plus loin l'arithmétique. Les élections de 2007 ont enregistré un taux de participation de 44%. Soit, un peu moins de 8 sur les 18 millions d'électeurs qui se sont rendus aux urnes pour donner leurs voix à l'un des 120 000 candidats de l'époque. Rappelons que l'année 2007 avait enregistré des records de désaffection des citoyens pour les urnes. Ainsi donc, et en moyenne, chaque candidat a drainé près de 67 électeurs. Avec cette échelle de valeur (jugée très faible à l'époque), appliquée aux nouvelles donnes, le taux de participation avoisinerait les 67%. En tout cas au-dessus des 60% et bien au-delà des 45% «souhaités». À considérer encore que le rapport de participation aux législatives de 2012, pas moins décriées que celle de 2007, ce taux est passé de 35,6 à 42,9%, soit un gain de 7 points- les locales de 2012 pourraient en surprendre plus d'un. Mais cela reste un raisonnement purement mathématique. Ce qui est à retenir par contre, c'est cette nouvelle approche amorcée par un responsable algérien, qui tranche avec les déclarations harassantes par leurs audaces. Mieux vaut mettre la barre en dessous de ses capacités réelles pour être plus crédible plus tard. Un taux de 70%, souhaité, alimentera les suspicions même si les résultats obtenus sont avérés. Déclarer 45% quand on sait qu'on en aura 60, ça c'est une «réussite»…