À la fin des années 60, quand les femmes commencèrent à se rebiffer, un slogan du MLF (Mouvement de libération de la femme), cocasse mais juste, avait fleuri sur les murs. «Un homme sur deux est une femme», proclamait le mot d'ordre, énoncé tautologique d'une loi naturelle grâce à laquelle l'humanité progressait sans trop s'éloigner d'une parité entre les deux sexes. Bien sûr, il va sans dire que les droits de l'homme incluent ceux de la femme. Mais il va (sic) tellement mieux en le disant à force de constater le statut d'infériorité dans lequel reste confinée la moitié de l'homme. Malgré des législations correctives en avance, le décalage avec la réalité persiste, non sans prêter à sourire, parfois. La soporifique campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre a révélé, sous un bien mauvais jour, le triste vécu de beaucoup d'Algériennes qui ont préféré se fondre sous de simples numéros plutôt que d'apparaître au grand jour. À Alger, sur les panneaux d'affichage, des candidates préfèrent une rose à leur photo. Dans d'autres régions, c'est carrément rien du tout, même pas un cryptogramme. C'est quoi, au juste, cette façon de hisser le drapeau blanc quand la loi leur offre l'étendard de l'égalité et de la promotion politique ? Encore faut-il connaître les vraies raisons qui les ont amenées à être des candidates invisibles comme d'autres vont au travail en tenue de camouflage. Une certaine pudeur, la timidité, voire la modestie et l'humilité peuvent expliquer - mais très faiblement- ce comportement d'infériorisation consentie. Mais la raison véritable est dans les quotas de femmes imposés aux partis dans la confection de leurs listes de candidats. Il faut le dire honnêtement, la majorité d'entre eux n'étaient pas prêts pour ce saut qualitatif. Le moment était-il opportun pour amender la loi électorale avec une disposition en ce sens, même si cela partait d'une bonne intention ? D'autres formations politiques, plus anciennes, il est vrai, nous ont habitués à des listes plus ou moins féminisées alors qu'elles n'étaient pas forcées de le faire. La contrainte légale a produit, ici, un effet contraire à celui attendu. Au lieu de candidates émancipées et s'assumant, beaucoup d'entre elles se sont retrouvées à boucher les trous et à servir de faire-valoir.Il fallait peut-être partir du principe que les femmes sont…des hommes comme les autres et mettre en place des mécanismes incitatifs auxquels tous les partis politiques sont réactifs et sensibles. Par exemple doubler les subventions qui leur sont versées par rapport au nombre de candidates que ces partis seront parvenus à faire élire. En tout, l'égalité homme-femme en politique s'est vérifiée depuis bien longtemps. Certaines sont allées jusqu'à démontrer qu'elles pouvaient non seulement être des hommes politiques comme les autres, mais «mieux», être pire qu'eux dans l'absence totale de sentiment et d'humanité. En 1981, Margaret Thatcher, Premier ministre britannique (1981-1990) laissa littéralement mourir de faim le militant irlandais de l'IRA Bobby Sands qui refusa de s'alimenter pendant plus de deux mois pour obtenir le statut de prisonnier politique. En 1984-1985, une longue grève réduisit à la misère noire les mineurs en débrayage. La «Dame de fer» ne céda à aucune de leurs revendications.Et Golda Meir, comment oublier cette femme au visage viril, aspirant à longueur de temps la fumée de ses cigarettes sans filtre ? Parmi les fondateurs de l'Etat sioniste, elle a été Premier ministre d'Israël de 1969 à 1974. Intraitable avec les Palestiniens auxquels elle ne concéda aucun droit, elle a devancé de quelques années son homologue anglaise dans le surnom de «Dame de fer». Fort heureusement, d'autres visages plus avenants ont existé et rehaussent l'image de la femme dans la politique. Indira Gandi est de ceux-là. Digne fille de son père (Nehru), deux fois Premier ministre de l'Inde, un immense pays, elle fut la seconde femme à accéder à ce niveau de responsabilité politique à l'issue d'élections démocratiques, devancée par Mme Bandaranaike, au Sri Lanka. Après deux mandats à la tête du gouvernement indien, Indira Gandi est morte assassinée en 1984. Elle contribua à faire de ce sous-continent difficile et complexe le pays émergent d'aujourd'hui. A. S.