Selon les associations à l'origine de cette initiative, le temps est venu de trouver “le courage politique” de rétablir l'égalité entre l'homme et la femme. Cinq associations de femmes, soutenues par les familles des victimes du Printemps noir 2001, l'association Djazaïrouna des victimes du terrorisme et d'autres organisations et collectifs de citoyens ont lancé, hier, la campagne pour l'abrogation du code de la famille, qui s'étalera au-delà du 8 mars 2004. Dans leur appel, les associations Tharwa Fadhma n'Soumeur, SOS-Femmes en détresse, Volonté, initiative et engagement (Vie), Défense et promotion des droits des femmes et Indépendance pour le triomphe des droits des femmes ont indiqué que “la loi de statut personnel institutionnalise depuis 1984 l'infériorisation d'une moitié de la société par rapport à l'autre” et s'ajoute à “d'autres dispositions inégalitaires de l'arsenal législatif”, lesquelles entretiennent “la fragilisation de l'ensemble de la société”. Elles ont estimé que le moment est venu de trouver “le courage politique”, pour mettre en œuvre l'égalité entre les hommes et les femmes. Et de créer “un bruit de fond permanent”, autour de cette revendication d'abrogation du code de la famille. Au cours de la conférence de presse qu'elles ont animée hier, au Centre d'accueil SOS-Femmes en détresse, à Alger, les représentantes des associations initiatrices du projet ont insisté sur la nécessité de “se conformer à la Constitution”, sur le “combat de citoyenneté” et sur “les drames” vécus par des familles entières, par la faute d'un “code adopté dans la clandestinité par l'APN”. Elles ont relevé que cette “campagne est ouverte à tous” et concerne toutes les voix, structuées ou non organisées, qui aspirent à une Algérie “démocratique et moderne”. Autrement dit, toutes les initiatives qui seront prises, tout le long de la durée de la “campagne d'information, de sensibilisation et de mobilisation”, sont les bienvenues, “quelles soient faites de façon autonome ou dans le cadre d'un partenariat”. Pour les conférencières, la stratégie est triple : vulgariser le code de la famille, impliquer les individus, les organisations ou les formations politiques et créer “un maillage” de la société, par le biais du bouche à oreille. Selon elles, cette stratégie sera appuyée par des “relais” à l'intérieur du pays et à l'étranger. Les cinq associations féminines ont initié une première action qui portera sur le concours pour “la meilleure affiche”, avec la collaboration de l'association Patrimoine. D'autres actions sont également programmées autour de “cas concrets”, privilégiant “le travail de proximité” et la constitution d'une “force de pression”. Au-delà du travail à entreprendre avec ou aux côtés de la société civile, des actions seront menées pour interpeller les pouvoirs publics et les pousser à se déterminer clairement par rapport à la question de l'égalité et aux lois de la République. Quelles sont les chances de succès de cette campagne ? “Il faut partir gagnantes et non perdantes, il faut créer une force de pression et résister comme nous l'avons toujours fait”, a répondu la présidente de SOS-Femmes en détresse. Elle sera relayée par une ancienne combattante de la guerre d'indépendance et responsable de l'Association pour le triomphe des droits des femmes qui révélera : “Le code de la famille concerne la famille algérienne et pas seulement la femme. Il est source de problèmes et de fléaux sociaux, il n'y a qu'à voir ces femmes, ces filles, ces enfants dans les rues qui n'ont pas où aller.” H. A.