Cette année, la rentrée universitaire à Oran était marquée par l'annonce de la réalisation programmée à l'université d'Es-Sénia de trois nouveaux centres de recherche dédiés à la chimie verte (celle des matériaux issus de l'agriculture qui pourraient, un jour, remplacer le pétrole dans l'industrie chimique), la maîtrise des risques majeurs et les sciences expérimentales.Actuellement en cours d'études, ce projet prévoit également la construction de quatre infrastructures d'appui à la recherche scientifique et deux incubateurs destinés à la promotion des projets de jeunes chercheurs. Ces réalisations viendront, ainsi, consolider la centaine de laboratoires existants, dans lesquels près de 1500 enseignants conduisent des travaux de recherche en sciences sociales et humaines, sciences et technologies ou encore en sciences naturelles. En outre, de nouveaux accords ont été conclus avec les consortiums euroméditerranéens «Erasmus Mundus» et «Tethys» ainsi qu'un certain nombre d'universités d'Europe et des Etats-Unis d'Amérique dans le cadre de projets de recherche communs portant, notamment, sur les changements climatiques et la surveillance de l'activité sismique.Cette rentrée, ainsi effectuée sous le sceau de la recherche scientifique, ne peut, cependant, cacher la persistance des dysfonctionnements qu'enseignants et étudiants dénoncent depuis de nombreuses années, parfois en observant des grèves plus ou moins longues, plus souvent en organisant des manifestations à l'intérieur comme à l'extérieur des campus. C'est ainsi qu'en ce mois d'octobre, l'université de Belgaïd, nouveau pôle réalisé à l'est de la ville d'Oran, a été le théâtre d'un mouvement de protestation inédit : pendant près d'une semaine, les étudiants de 4e année de Droit classique et de 2e année Droit LMD ainsi que ceux de 3e année de Géologie ont interdit aux autres étudiants et l'ensemble du personnel l'accès au campus. La raison de cette montée au créneau : les examens de DS et de rattrapage n'ayant pas encore été corrigés, les 45 étudiants ne savaient pas s'ils avaient ou non réussi leur passage. Le bras de fer avec l'administration de l'université a atteint un tel degré de pourrissement qu'il a fallu que la Justice intervienne, déclare le mouvement de grève illégal et somme les étudiants contestataires de libérer le passage. Ailleurs, à la cité universitaire El Badr, toujours en octobre dernier, les étudiantes ont bruyamment manifesté leur rejet des conditions d'hébergement et de restauration qui sont les leurs depuis plusieurs années. Entrées en grève illimitée, elles ont également décidé de bloquer l'entrée à la cité et, pour donner plus de visibilité à leur action, de manifester leur mécontentement à l'extérieur de l'établissement. Les travaux de rénovation de la cantine, lancés en septembre dernier, ont été la goutte qui a fait déborder le vase et provoqué la colère latente des résidentes de cette cité qui ont déjà exprimé leur mécontentement par le passé.Cette colère estudiantine (que le manque de transport, la qualité de la nourriture, les problèmes d'hébergement nourrissent également) et l'exaspération que de nombreux enseignants manifestent régulièrement sont révélatrices du malaise dont l'université d'Oran continue de souffrir et que personne ne semble pouvoir soigner. Un malaise qui se traduit, principalement, par des pratiques pédagogiques dépassées, l'absence d'un enseignement de qualité, l'incapacité à lancer des passerelles avec le monde du travail et, par conséquent, l'impossibilité de produire les compétences dont l'économie nationale a besoin.